Toujours trop peu de femmes en politique : mesdames Osons !

2 novembre 2017 - Tribune de Constance Lavayssière

9 lois en 15 ans et toujours moins de 10% de femmes présidentes de conseils départementaux.


A chaque élection, à chaque renouvellement local ou national, la question de la représentation des femmes est abordée. Les lois successives ont contraint les partis politiques à présenter des listes électorales paritaires et à respecter ce que prône l’article 1 de la Constitution : « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». Le nombre d’élues femmes est ainsi en hausse constante si bien que la parité est presque atteinte dans les conseils municipaux et départementaux avec 48% de femmes conseillères. Le mode de scrutin joue un rôle essentiel dans la plus grande représentativité des femmes en politique.

Pour autant, les femmes restent trop souvent cantonnées à des fonctions archétypiques de la vision sociétale des femmes : l’éducation, la petite enfance, les affaires familiales et sociales.

Par ailleurs, les têtes de listes sont rarement féminines avec seulement 6 femmes maires sur les 41 villes de plus de 100 000 habitants et moins de 10% de femmes présidentes de conseils départementaux. La République En Marche, suivant l’élan donné par Emmanuel Macron et son appel à la candidature des femmes, a réussi à démontrer que l’élévation du nombre de députées est possible. Malheureusement, le nombre de femmes au Sénat reste encore très faible ; à se demander si la conception actuelle de la chambre des sages par les grands électeurs occulte le fait que la sagesse n’a pas de sexe et est avant tout un nom commun féminin.


  • Quels sont alors les freins qui soutiennent ce plafond de verre ?

Pour se déculpabiliser, nous attaquons volontiers la réglementation et les modes de scrutin. Toutefois, l’arsenal législatif des 15 dernières années (9 lois en 15 ans) a permis de lever en droit les obstacles potentiels et une réelle réussite de ces dispositifs est à saluer (exemple du passage de 16 à 48% de conseillères départementales en 2015). Naturellement, le scrutin uninominal reste, le scrutin à la fois le plus apprécié des citoyens, et le moins favorable à la montée des femmes en politique (cf. Site de l’Assemblée Nationale et Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes).

En étant plus sincères, il est évident que le manque de femmes dans notre appareil électif est lié à deux éléments essentiels : le pré-carré masculin et la difficulté des femmes à percevoir leurs propres talents.


La place des hommes dans les partis politiques est en effet prépondérante. Les partis politiques se sont fondés sur des modèles masculins de domination et de pouvoir. Ce dernier élément montre le nécessaire engagement politique des femmes dans les partis politiques avant même de prétendre à des mandats électoraux. Le développement des pratiques participatives et collaboratives ainsi que l’identification des personnes à potentiel sont de nature à bénéficier à un rôle accru des femmes.

Enfin, les femmes ont intériorisé un grand nombre de barrières socio-psychologiques : manque de temps, difficulté à positionner son leadership, peur du jugement, manque de confiance dans ses propres compétences, réseau hypertrophié, codes masculins ancrés dans le système, etc. La liste est longue des blocages que la société impose aux femmes sans que celles-ci n’en aient pourtant conscience.


  • La politique mais pas que…

Le difficile engagement féminin n’est pas exclusif à la politique et se retrouve dans le monde de l’entreprise et dans l’engagement associatif (cf. Statistiques INSEE). Serait-ce à dire alors que les femmes ne s’engagent dans aucune dimension de la vie professionnelle, sociale et familiale ? Pourtant non. Nous connaissons toutes et tous des femmes qui s’impliquent et qui militent dans leur vie quotidienne. Elles s’engagent, oui. Mais en dehors d’appareils dont les règles de fonctionnement sont trop souvent fondées sur l’influence et la domination. Pourtant, la société est prête à la montée en politique des femmes. En 2014, 70% des français disaient vouloir voir plus de maires femmes (cf. sondage IFOP pour Femmes Actuelles et RTL).

Au lieu de penser que les choses sont figées, si on s’accordait le droit d’inventer un nouveau système politique où femmes et hommes auraient la même position dans la société, où femmes et hommes pourraient contribuer à égalité à la construction d’un nouveau modèle de société ?

Et si pour une fois, on faisait confiance aux femmes car finalement, n’ont-elles pas autant à apporter à la politique que les hommes ?

Il n’y a alors plus qu’à sauter dans la flaque, à se prendre tous par la main, femmes et hommes ! Les partis politiques doivent également jouer leur rôle : formation, promotion, sensibilisation. Des actions qui doivent être menées à bien pour qu’enfin le monde politique soit représentatif des citoyennes et citoyens.



  • Osons Mesdames !

Osons nous investir en politique, Osons prendre des responsabilités, Osons nous faire confiance, Osons car nous en avons les capacités et les compétences, Osons dire oui à un monde qui prendra enfin en compte toutes les femmes et les hommes réunis, Osons dire non au rôle social auquel trop essaient de nous réduire.

Et vous, Messieurs ! Poussez vos amies, vos filles, vos mères, vos compagnes, à oser, à ne plus avoir peur de s’engager, à oser dire leur opinion en public, à exprimer leurs besoins et leur vision de l’avenir car, notre société, nous la construisons ensemble. Si nous désirons que la société soit à notre image, nous ne pouvons plus continuer à exclure plus de 50 % de la population. Les femmes doivent apporter leur représentation du monde comme les autres : telle qu’elles la voient et la vivent.

Enfin, Messieurs, soutenez ces femmes entreprenantes ou qui souhaitent le devenir. Donnez leurs vos encouragements, vos expériences, votre soutien. La coconstruction nous aide à grandir collectivement. La politique n’en sera que plus juste, ambitieuse et paritaire.

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