Tribune - « Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron »
16 avril 2017 - Dans une tribune au « Monde », quarante économistes signent un appel en faveur du candidat d’En marche ! seul capable, selon eux, de poser les bases d’une nouvelle croissance économique.
Nous sommes économistes et nous soutenons Emmanuel Macron pour la présidence de la République. Pourquoi ? Aujourd’hui, par-delà la diversité de nos approches et de nos objets de recherche, trois choses nous réunissent.
La première, c’est notre indépendance de jugement. Nous évaluons et jugeons les propositions qui ont pour but de créer de l’emploi et de la croissance durable pour tous. Notre engagement se fonde sur l’idée que la recherche en économie, en particulier l’évaluation des politiques publiques, peut éclairer la décision politique. La deuxième, c’est la volonté de faire partager notre certitude que la victoire de Marine Le Pen serait une catastrophe économique, sociale et démocratique. Le programme économique qu’elle défend, en termes de pouvoir d’achat, d’emploi, d’investissement, de compétitivité, entraînerait une régression historique pour les Français, notamment pour les plus modestes.
Les bases de la nouvelle croissance
La troisième, c’est une conviction. Nous ne sommes pas toutes et tous en accord avec l’ensemble de ses propositions, mais nous estimons que le programme d’Emmanuel Macron est le plus à même de poser les bases de la nouvelle croissance économique dont notre pays a besoin. Il l’est parce qu’il fait le pari du travail, de la jeunesse, de l’innovation, de l’inclusion, de l’investissement et de la transition environnementale.
La nouvelle croissance a pour fondement le travail et sa transformation, non sa disparition. Le taux de chômage, en particulier des jeunes les moins qualifiés, que connaît notre pays depuis plus de trente ans n’est pas une fatalité. Comment expliquer que la France ne soit pas parvenue à renouer avec le plein-emploi, contrairement à la plupart de ses grands voisins européens ? Les comparaisons internationales prouvent qu’il est impératif de miser sur l’éducation et la formation. Chaque individu doit avoir les moyens de s’épanouir dans le travail et/ou la formation à chaque étape de sa vie, et ainsi de constamment progresser.
La nouvelle croissance, proposée par Emmanuel Macron, repose sur le progrès et l’innovation, c’est-à-dire la création en permanence de nouvelles technologies, de nouvelles activités, de nouveaux biens et services de meilleure qualité et de nouvelles façons de produire plus économes en énergie.
Le pari de l’inclusion
Dans une économie d’innovation, où les individus sont amenés à changer souvent d’entreprise et de secteur, il est capital d’offrir aux entreprises et aux travailleurs à la fois plus de flexibilité et plus de protection. Sans flexibilité dans l’organisation du travail, les entreprises ne pourront pas utiliser les innovations technologiques pour saisir de nouvelles occasions de croissance.
Sans une réforme profonde de la formation professionnelle, les travailleurs seront démunis face aux transformations qui viennent. L’extension de l’assurance-chômage à tous les travailleurs, quel que soit leur statut, est une puissante mesure de justice sociale et d’efficacité économique. La mise en place progressive de la réforme des retraites permet d’assurer aux travailleurs une retraite sûre, juste et lisible.
Le projet du candidat d’En marche ! fait aussi le pari de l’inclusion. Les baisses de charges pour diminuer le coût du travail, surtout pour ceux qui sont les plus éloignés du marché du travail, sont nécessaires mais pas suffisantes. Sans investissement dans les compétences, en particulier des moins qualifiés, sans redistribution, la croissance ne peut s’obtenir qu’au prix d’inégalités croissantes.
La nouvelle croissance ne peut se faire dans la fermeture au monde et à l’Europe. Le projet de nouvelle croissance d’Emmanuel Macron s’attache à réformer et à renforcer l’Europe. C’est l’Europe qui, dans un monde dominé par des intérêts concurrents ou hostiles et par l’agressivité commerciale, peut protéger nos intérêts de façon efficace. Et c’est parce que nous croyons profondément à l’Europe que nous devons aussi remédier à ses manquements.
Un « New Deal » européen
Nos erreurs collectives dans la gestion de la crise de la zone euro ont créé un déficit d’investissement qui pénalise la demande à court terme et l’offre à long terme dans toute l’Europe. Emmanuel Macron propose un « New Deal » européen en nous réformant et en redonnant ainsi confiance à nos partenaires.
Enfin, la nouvelle croissance se fondera sur la transition énergétique et environnementale, c’est-à-dire sur un renouvellement radical de nos façons de produire et de consommer. En tant qu’économistes, nous croyons que le prix de l’énergie doit refléter les vrais coûts environnementaux. C’est pour cette raison que nous soutenons une fiscalité écologique qui incite les entreprises et les ménages à faire les bons investissements. La responsabilité des pouvoirs publics est donc d’accompagner les Français sur cette voie, notamment les classes populaires et moyennes. Le projet d’Emmanuel Macron est le seul à tenir ces deux objectifs d’équité et d’efficacité.
Chaque Français le sent : nous sommes à la croisée des chemins. Le jeu des partis politiques traditionnels a rendu impossible la formulation de choix favorables à la construction d’un Etat-providence refondé et d’une croissance nouvelle. Emmanuel Macron est le seul à porter un projet permettant de retrouver une croissance équitable. C’est pourquoi nous le soutenons.
Les signataires :
Philippe Aghion (Collège de France), Yann Algan (Sciences Po), Hippolyte d’Albis (Ecole d’économie de Paris), Marie-Laure Allain (CNRS, CREST), Emmanuelle Auriol (Ecole d’économie de Toulouse), Jean Paul Betbeze, Gilbert Cette (Aix-Marseille Université et Ecole d’économie d’Aix-Marseille), François Bourguignon (Ecole d’économie de Paris), Edouard Challe (CREST et Ecole polytechnique), Claire Chambolle (INRA et Ecole polytechnique), Sylvain Chassang (New York University), Frédéric Cherbonnier (Sciences Po Toulouse et Ecole d’économie de Toulouse), Elie Cohen (CNRS), Pierre Philippe Combes (université de Lyon), Jacques Crémer (Ecole d’économie de Toulouse), Bruno Decreuse (Aix-Marseille Université et Ecole d’économie d’Aix Marseille), Jacques Delpla, Anne Epaulard (université Paris Dauphine), Aurélien Eyquem (université Lumière-Lyon-2), Emmanuel Farhi (Harvard), Marc Ferracci (université Panthéon-Assas), Jean Paul Fitoussi (Sciences Po), Lionel Fontagne (université Paris-I), Robert Gary-Bobo (ENSAE), Pierre-Yves Geoffard (Ecole d’économie de Paris), Christian Gollier, Pierre-Olivier Gourinchas (université de Berkeley), Nicolas Gravel (Aix-Marseille Université et Ecole d’économie d’Aix-Marseille), Jean-Olivier Hairault (Ecole d’économie de Paris, université Paris-I), Touria Jaaidane (université de Lille-1), Francis Kramarz (Ensae et Ecole polytechnique), François Langot (Le Mans Université), Yannick L’Horty (université Paris-Est-Marne-la-Vallée), Philippe Martin (Sciences Po), Anne Perrot (université Paris-I), Thomas Philippon (New York University), Pierre Picard (Ecole Polytechnique), Hélène Rey (London Business School), Katheline Schubert (Ecole d’économie de Paris, université Paris-I), Claudia Senik (université Paris-Sorbonne et Ecole d’économie de Paris).