Tribune - Interview de Richard Ferrand, secrétaire général d'En Marche, dans l'Opinion

29 mars 2017 - Pour Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche !, le soutien de Manuel Valls n’aura aucune suite durant la campagne présidentielle.

Pour Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche !, le soutien de Manuel Valls n’aura aucune suite durant la campagne présidentielle. Retrouvez l'interview de Richard Ferrand dans l'Opinion.

Emmanuel Macron a enregistré mercredi le soutien de Manuel Valls. Est-ce qu’il ne s’agit pas là d’un cadeau empoisonné pour votre candidat ?

Manuel Valls a dit qu’il comptait voter pour Emmanuel Macron, comme, nous l’espérons, une majorité de Françaises et de Français le feront. Ça n’a pas d’autre signification.

Vous voulez dire que cela n’ira pas plus loin ? Non, ce n’est qu’une voix de plus.

L’analyse de Manuel Valls, pour justifier son vote en faveur d’Emmanuel Macron, est que le vote FN est sous-évalué, que François Fillon ne s’effondre pas et donc qu’un second tour Fillon-Le Pen est possible. Est-ce une analyse que vous partagez ? Nous ne raisonnons pas comme cela : notre objectif est de susciter l’adhésion à notre projet. Nous n’avons pas les yeux rivés sur les sondages ou le reste. Nous avons comme objectif politique, et pas seulement électoral, de bonne santé démocratique, d’être en tête le soir du premier tour. Car c’est en donnant le visage de la modernité, de la démocratie, du rassemblement à l’Europe et au monde entier, que nous redonnerons un rayonnement nouveau à la France, une attractivité nouvelle.

Emmanuel Macron pense avoir une majorité absolue à l’issue des élections législatives. Mais s’il n’obtenait qu’une majorité relative, ne serait-il pas obligé, pour diriger le pays, de bâtir une coalition, notamment avec les sociaux-démocrates du PS ? N’allons pas trop vite en besogne. Nous sommes en campagne pour l’élection présidentielle. Simplement, chaque fois que nous entreprenons quelque chose, on nous explique que l’élément d’après n’est pas constitué : on nous a dit « vous êtes seul », maintenant on nous dit « c’est le trop-plein de soutiens ». On nous a dit « vous n’avez pas de programme », maintenant on nous dit « vous n’aurez pas de majorité », etc. Si les Français choisissent le projet d’Emmanuel Macron, nous ne doutons pas qu’ils auront la cohérence de lui donner les moyens de le mettre en œuvre. Mais le premier enjeu est de gagner l’élection présidentielle.

N’est-ce pas encore plus difficile de ne pas apparaître comme l’héritier de François Hollande quand un Manuel Valls appelle à voter pour vous ? Quand François Bayrou et Jean Arthuis choisissent de soutenir Emmanuel Macron, ça n’en fait pas pour autant l’héritier de la démocratie chrétienne ! De la même manière, quand Jean-Baptiste Lemoyne, Marie-Anne Montchamp ou Renaud Dutreil appellent à voter Macron, ça n’en fait pas non plus l’héritier des Républicains ! Ces soutiens montrent que notre stratégie de rassemblement est en train de réussir, à la surprise générale des observateurs… mais pas des Français. Car nous constatons depuis le premier jour que des Français, connus ou pas, politiques ou pas, du centre, de la gauche ou de la droite, nous rejoignent. Soutenir ne signifie pas infléchir notre programme, et voter pour Emmanuel Macron n’emporte ni investiture, ni responsabilité future.

Et on peut garder une cohérence quand on est soutenu à la fois par Dutreil, Bayrou et Valls ? La cohérence, elle est dans la charte des valeurs, dans le principe de rassemblement, dans le principe de renouvellement et dans le programme d’Emmanuel Macron, car c’est sur cette base que tous ces soutiens se sont opérés. Nous n’avons jamais sollicité de soutiens, mais nous constatons que notre démarche et notre programme suscitent un engouement et une dynamique qui s’amplifient. Tant mieux !

Est-ce que cela ne va pas au-delà de toutes vos espérances ? Je préfère avoir à justifier l’abondance de soutiens plutôt qu’avoir à comptabiliser chaque jour, comme M. Fillon ou comme M. Hamon, les défections.

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