Tribune - Richard Ferrand : Contre les tentatives de déstabilisation de la campagne présidentielle

14 février 2017 - Appel de Richard Ferrand, Secrétaire Général du mouvement En Marche !

Un phénomène nouveau et inquiétant est en train de se produire au cœur de l’élection présidentielle française.

Il s’agit de l’ingérence d’un Etat étranger déterminé à déstabiliser l’un des candidats susceptibles de remporter cette élection : Emmanuel Macron.

Cette affirmation grave pourrait prêter à sourire si les éléments la corroborant n’étaient aussi manifestes et publics :

  • Le site internet du mouvement En Marche ! et ses infrastructures font l’objet de plusieurs milliers d’attaques mensuelles sous diverses formes. L’objectif est de pénétrer dans nos bases de données et nos boîtes mail afin de les pirater. Si ces attaques réussissaient, l’animation de la campagne d’En Marche ! deviendrait extrêmement difficile sinon impossible. Ces attaques proviennent principalement d’Ukraine, pour près de la moitié d’entre elles. Ce qu’indique de manière certaine la nature de ces attaques, c’est qu’elles sont organisées et coordonnées par un groupe structuré, et non par des hackers solitaires.

  • Si nous ne redoutons rien de telles « informations », le simple fait de manier le soupçon et la menace constitue un élément de déstabilisation démocratique. La proximité de M. Assange avec le régime russe n’est un mystère pour personne et ces déclarations ont été faites au journal russe Izvestia. Que les déclarations de ce hacker professionnel ayant déjà déstabilisé les élections américaines surviennent au moment où nous sommes sous attaque informatique ne saurait être une pure coïncidence.

  • Depuis plusieurs semaines maintenant, Russia Today et SputnikNews, s’acharnent à répandre sur Emmanuel Macron les rumeurs les plus diffamatoires. Un jour, il est financé par « le riche lobby gay », un autre jour il est un « agent américain au service du lobby bancaire ». Ces deux sites se font le relais privilégié de toutes les attaques subies par Emmanuel Macron, et notamment des menaces de Julian Assange. Ils donnent également la parole à des éditorialistes donnant libre cours à tous les fantasmes qui circulent Emmanuel Macron, depuis son financement jusqu’à sa vie privée, exhalant les relents d’un extrémisme venimeux. Quelques élus français n’hésitent pas à y prendre la parole. Faut-il rappeler que ces deux médias sont intégralement financés par l’Etat russe et, de leur propre aveu, relaient dans les opinions du monde entier les thèses du Kremlin en tout domaine ? La couverture de la guerre en Syrie, des combats des minorités, de la politique américaine sont le reflet fidèle des positions russes. Ainsi, ces deux sites sont moins des médias d’information que des organes de propagande classique. Leurs choix tactiques dans la présidentielle française sont révélateurs : Mme Le Pen et M. Fillon sont mystérieusement épargnés, comme si leur proximité notoire avec le pouvoir russe les immunisait contre les calomnies dont Emmanuel Macron est la cible – lui qui seul au sein des candidats à l’élection présidentielle plaide pour une Europe forte capable de faire peser sur la scène internationale nos valeurs et nos priorités. Jacques Sapir, ancien conseiller de Jean-Luc Mélenchon désormais proche du Front National, est le témoin éloquent de cette dérive : délaissant toute rigueur intellectuelle, il alimente ces deux sites en articles reprenant sans distinction les attaques les plus basses contre Emmanuel Macron.

  • Les « informations » de ces sites sont massivement relayées, sans aucun filtre, par des centaines de comptes Twitter et Facebook qui donnent un caractère d’évidence à ce qui ne relève que de la calomnie systématique. Il est même probable que ces sites achètent l’élargissement de leur audience grâce aux outils marketings offerts par les réseaux sociaux et qui sont évidemment interdits à toutes les formations politiques en période de campagne électorale. Ces sites sont également repris par des blogs proches de l’extrême-droite, en France (Le Salon beige) comme à l’étranger (The Saker).

Attaques informatiques, menaces proférées par un hacker protégé par une puissance étrangère, travail de sape et de diffamation entrepris par des sites d’information financés par cette même puissance étrangère, relais coordonné de ces fausses informations sur les réseaux sociaux : nous sommes en présence d’une tentative orchestrée de déstabilisation d’un candidat à l’élection présidentielle par une puissance étrangère.

Par conséquent, nous lançons aujourd’hui un appel :

Au Président de la République et au Gouvernement, pour que toutes les conditions de sécurité soient assurées contre les cyberattaques et ingérences dont cette élection présidentielle est la cible afin de garantir le déroulement démocratique normal de l’élection ;

Aux Présidents des deux chambres parlementaires, afin que les élus de la République ne soient pas pris en otage dans cette tentative de déstabilisation en mettant ce qu’ils croient être leur liberté de parole au service d’une puissance étrangère ;

Aux médias français et étrangers, afin qu’ils cessent systématiquement de relayer les « informations » livrées par les sites mentionnés, fût-ce pour en vérifier le bien-fondé : ces informations, même infirmées, tirent de leur reprise par la presse française une forme de légitimité qui donne à ces sites le rang de sites d’information. De même, nous demandons aux journalistes français une extrême vigilance lorsqu’il s’agit de prêter leur crédit à ces sites en relayant, parfois pour le seul plaisir du buzz, les énormités qui s’y trouvent. La plus grande prudence est par conséquent requise avant la reprise d’articles qui émanent de ces sites de pure propagande. Cette perméabilité représente un danger considérable car elle favorise la stratégie d’entrisme de ces médias au sein du débat public français.

Aux dirigeants des grands réseaux sociaux afin qu’ils identifient clairement ces sites comme étant des sites de propagande : les acteurs de cette déstabilisation démocratique ayant déjà frappé les Etats-Unis, ils sont bien identifiés et le rôle des réseaux sociaux dans l’amplification de leurs manœuvres devrait être encadré. Il est nécessaire de réfléchir aux moyens et mesures qui permettraient de limiter leur audience, à commencer peut-être par refuser de leur vendre les outils marketings habituels.

Enfin, nous en appelons aux citoyens français : dans une élection démocratique, la transparence est de mise et chaque candidat à la fonction suprême doit répondre de ses faits et gestes, devant les citoyens, devant les grandes instances démocratiques et le cas échéant devant la justice. Mais l’insinuation, la menace, la calomnie, la tentative systématique de salir l’adversaire ne sont pas les bienvenus dans notre vie démocratique, a fortiori en provenance d’une puissance étrangère. L’écho donné à ces informations, l’usage qui en est fait, relèvent de la conscience citoyenne de chacun et de notre jugement individuel. La propagande est un outil pernicieux auquel les nouveaux moyens de communication ont donné une ampleur sans précédent. C’est un défi lancé à notre unité civique et à notre attachement à la démocratie.

En ce qui nous concerne, nous souhaitons nous consacrer à notre campagne et à notre projet dans la sérénité qu’assurent les règles de la démocratie et à laquelle ont droit nos concitoyens.

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