Retrouvez l’entretien d’Emmanuel Macron dans la Voix du Nord

28 juin 2016 - Le fondateur d'En Marche était en déplacement à Isbergues, Arques et Calais.

Dans le cadre d’un déplacement à Isbergues, Arques et Calais le lundi 27 juin, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le journal « La Voix du Nord ». Retrouvez des extraits de son entretien.

Après le coup de tonnerre du Brexit, comment l’’Europe peut-elle se relancer ?

Il faut entendre et respecter le vote britannique. Il y a eu là-bas un vrai débat démocratique, mais il portait sur la situation existante et non sur un projet. Les Britanniques ont voté contre l’’Europe telle qu’’elle fonctionne aujourd’hui, qui est d’’ailleurs parfois l’’Europe qu’’ils nous ont conduits à créer. Une Europe réduite au marché. Pour moi, ce vote vient refermer la parenthèse ouverte depuis dix ans par les non-français et néerlandais, dont nous n’’avions pas tiré toutes les conséquences.

Lesquelles ?

D’’abord, avoir une Europe plus efficace, plus au contact des préoccupations des citoyens, qui concrètement, selon le principe de subsidiarité, s’’occupe des questions relevant d’’une souveraineté européenne et pas des problèmes du quotidien qui doivent rester au niveau national. Retrouver une Europe qui protège et c’’est par exemple tout le combat que je mène pour l’’acier. Quand l’’Europe réagit trop lentement face à des risques extérieurs elle n’’est alors pas à la hauteur de ses promesses et laisse le doute s’’installer, un doute qui ronge l’’adhésion au projet européen. La seconde conséquence, c’’est que nous ne pouvons pas reprendre le cours des choses comme si de rien n’’était et laisser l’’intensité du débat démocratique aux populistes. Il ne faut pas reproduire l’’erreur de Nicolas Sarkozy qui à consister à ne pas tirer les leçons du vote de 2005.

L’’Europe n’’avancera pas à l’’insu des peuples. Entre une Europe des élites qui a pensé longtemps qu’’elle pouvait avancer seule et le ressentiment populaire, il y a la place pour une avancée construite démocratiquement et collectivement. Je crois que nous devons engager des grands débats citoyens pendant plusieurs mois, dans tous les Etats membres. Redonner confiance et construire un projet. C’’est à ce moment que la question de la consultation des peuples se posera.

Le couple franco-allemand est-il capable de prendre une initiative forte pour relancer l’’Union ?

Je le pense. Il y a un an j’’ai écrit avec mon collège Sigmar Gabriel une tribune appelant à une plus forte intégration de la zone euro, avec un budget commun pour plus de solidarité et un parlement de la zone euro pour davantage de contrôle démocratique. Le Président s’’est entretenu avec la Chancelière et j’’espère que nous avancerons dans cette direction.

Faut-il craindre des effets du Brexit sur la croissance en France qui était en train de repartir ?

C’’est davantage un problème pour le Royaume-Uni que pour l’’Union européenne et la France. Les conséquences dépendent de la nature des relations que le Royaume-Uni aura avec l’’Union. Il doit nous donner très rapidement une vision claire de sa position. S’’il veut conserver une relation commerciale privilégiée avec un accès au marché unique comme la Norvège ou la Suisse, cela suppose une contribution au budget.

Notre région qui a des relations privilégiées avec la Grande-Bretagne a tout de même des raisons de s’’inquiéter...

Avec la proximité géographique, ces relations ont existé avant l’’Union européenne. Rien ne laisse à penser qu’’il y aura un changement radical. La baisse de la livre peut avoir un impact sur ces échanges mais les relations d’’affaire et de tourisme continueront et nous y serons très attentifs. Dès la semaine prochaine, je réunirai d’’ailleurs les principaux acteurs économiques concernés par le Brexit pour faire le point avec eux et répondre à leurs préoccupations.

Vous venez à Calais lundi. Xavier Bertrand demande la renégociation des accords du Touquet...

Juridiquement, les accords du Touquet ne sont pas liés à l’’Union européenne. Ils ont été conclus alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’’Intérieur, car ils permettaient un traitement plus efficace et plus humain des migrants, par rapport à la situation antérieure. Dès lors que le Royaume-Uni fait le choix de quitter l’’Union européenne, les conditions politiques ne sont plus les mêmes et la solidarité s’’exprime différemment. Concrètement, nous sommes fondés à attendre un soutien accru des Britanniques.

Le 12 juillet vous réunissez à Paris votre mouvement « En Marche ». Ce sera un meeting ?

Ce sera un rassemblement ouvert, d’hommes et de femmes qui expliqueront pourquoi ils ont décidé de s’engager. Moi-même, je veux pouvoir expliquer le sens de ma démarche, son ambition, rappeler les grandes valeurs qui fondent le mouvement. Ce n’’est pas un regroupement de personnalités politiques existantes, c’’est un rassemblement de citoyens engagés qui partagent des valeurs et des convictions communes face aux défis du pays : le rapport au travail, à l’éducation, aux injustices, à une identité ouverte et généreuse de la République, et aussi le rapport à l’Europe avec l’exigence d’une Europe lucide et volontaire. La structuration actuelle de l’’offre politique s’’épuise à construire des arrangements au sein de la gauche et au sein de la droite, entre des femmes et des hommes qui, sur ces sujets essentiels, ne pensent plus la même chose. Je veux réussir ce rassemblement des progressistes sans nier les différences.

Entre la droite et la gauche ?

On a voulu me réduire par tactique à un « ni droite ni gauche » auquel je ne crois pas et que je n’’ai jamais revendiqué. Je suis pour le « et droite et gauche ». Je suis de gauche, ce sont mes valeurs, mais sur ces sujets essentiels, compte tenu des défis à relever, j’’ai des choses à faire également avec des femmes et des hommes de droite qui partagent ces valeurs, et avec des femmes et des hommes de la société civile qui se sont éloignés de la politique parce qu’’elle ne leur disait plus rien.

On va forcément vous reposer la question : en marche vers quoi, vers une candidature ?

En marche vers un projet progressiste pour le pays et ce projet est bien évidemment pour maintenant.

Donc vous n’’excluez rien pour 2017 ?

Je souhaite que ce projet progressiste porte son offre en 2017. Nous nous inscrivons volontairement dans ce calendrier mais de manière positive et pas personnelle.

Vous pourriez vous situer dans la primaire du PS ?

Ce sont des questions qui aujourd’’hui ne m’’intéressent pas. Ce qui participe du découragement vis-à-vis de la politique, c’’est qu’’on ne parle plus que de personnes, de calendrier et de tactique, et qu’’on ne parle plus du projet pour le pays, ni des Français. Je vais concentrer mon énergie sur ces orphelins du débat politique.

En 2017, il y aura aussi des législatives. On vous dit à la recherche d’’une circonscription, dans les Hauts-de-France par exemple ?

Je suis constant et je l’’ai déjà dit : je ne suis pas à la recherche d’’une circonscription même si je suis très attaché à notre territoire commun !

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