Discours de Caen
4 mars 2017 - Retranscription du discours d'Emmanuel Macron à Caen.
Disours d'Emmanuel Macron à Caen
Bonjour Caen ! Bonjour la Normandie !
Merci à tous et toutes d’être là, ce soir. Merci, merci pour votre enthousiasme, pour notre force, pour votre énergie. Je suis très très fier de tout cela, de ce que vous êtes aujourd’hui. De cette envie de faire, parce que c’est cela, ce qui nous caractérise. Depuis le mois d’avril 2016, nous avons organisé, construit et, semaine après semaine, cette vague est montée. Et vous êtes là aujourd’hui, nous sommes là aujourd’hui. Nous sommes là aujourd’hui et nous allons gagner.
Et il y a beaucoup de gens dans la salle beaucoup de monde, je suis sûr, qui n’avaient pas eu jusque-là un engagement politique. Beaucoup de monde qui en avaient eu, d’un côté ou de l’autre, qui parfois s’étaient combattus. Et nous sommes là ensemble. Et c’est ce visage de la France que nous devons montrer aujourd’hui. C’est celui-là qui mérite d’être montré. Bien plus que celui de la division, de la haine, du repli ou de l’indignité. C’est vous ! Et nous ne sommes là que parce qu’il y a votre énergie, votre envie de faire, votre capacité à sortir des petites différences, c’est cela, notre trésor. Et c’est essentiel, au moment que nous sommes en train de vivre.
Parce que notre pays, aujourd’hui, est face à des défis qu’il n’a sans doute jamais connus. Des transformations profondes, le numérique, la transition écologique et environnementale, la menace terroriste, les grandes migrations qui continueront à advenir. Une Europe qui a peur et où les extrêmes montent, une crise économique et du modèle d’intégration que nous vivons depuis des décennies. Et au moment même où notre pays a tout cela à relever, regardez la campagne présidentielle que nous sommes en train d’avoir. Regardez le spectacle qui est donné à nos concitoyens. Regardez ce qui est en train de se jouer.
Alors je vous le dis : nous, nous ne participerons à aucun lynchage, aucun. Nous, nous ne participerons à aucune attaque contre la justice et son bien-fondé. Aucune. Nous, nous ne jouerons jamais avec les discours de peur, avec les contre-vérités, avec les mensonges terribles qu’on propage sur les uns et sur les autres. Nous refuserons la peur et le repli. Et j’en appelle à deux choses, fondamentales, aujourd’hui, pour notre pays : la première, c’est la dignité de notre vie publique. Et cette dignité, c’est de ne jamais accepter le mensonge. Cette dignité, c’est de ne rien accepter de ce qui déconsidère la fonction politique, la parole donnée. Cette dignité, c’est celle qui consiste à protéger nos institutions et l’État de droit. Elle est fondamentale et nous la défendrons.
En même temps, la deuxième chose, c’est de parler de la France, de son quotidien, de son avenir. Nous, la France que nous voulons, c’est celle que nous vivons, celle que vous êtes, celle qui va advenir, c’est celle-là que nous défendrons et c’est de cela, aujourd’hui, que je veux vous parler.
Cette semaine, j’ai présenté notre projet, je dis bien “notre” projet, parce qu’il est le fruit d’un travail que vous avez fait depuis des mois, sur le terrain, sans relâche. La Grande Marche d’abord, pour aller interroger 100 000 Françaises et Français, puis dans les comités pour travailler sur tous les sujets, faire remonter l’expérience du terrain, réfléchir, proposer et avec, ensuite, une centaine d’experts. Ce projet, c’est celui que vous avez fait, c’est celui qui est le fruit d’un dialogue permanent entre des femmes et des hommes de terrain, des citoyens et des spécialistes et c’est celui qui a aussi été nourri par tous nos élus et je veux saluer la méthode de ce travail, ce que vous avez fait. Parce que vous avez réconcilié la France du terrain et la France des experts et vous avez réconcilié la France qu’on appelle de la société civile et de la société politique. Le fait d’avoir ici, dans cette salle, des femmes et des hommes d’associations, d’entreprises, des étudiants, des retraités, et des élus de tous bords de cette région, c’est pour moi non seulement une immense fierté et c’est le fait que vous avez déjà réussi quelque chose d’unique, mes amis. Cela ne s’est jamais vu dans une campagne présidentielle, ce que vous avez fait!
Le fil rouge de ce projet, c’est de réconcilier l’efficacité et la justice. Sur beaucoup de sujets, certains disaient “il faut d’abord être efficace, tant pis si certains sont exclus, laissés au bord du chemin”. Il n’y a pas d’efficacité qui dure s’il n’y a pas une justice avec elle. Parce qu’alors, la société explose, parce qu’alors, celles et ceux qui perdent finissent par se rebeller. C’est ce que nos voisins de Grande-Bretagne ont vécu avec le Brexit et, en quelque sorte, ce que nos amis américains ont vécu avec le vote TRUMP. A un moment, les perdants se rebellent. Et en même temps, si on demande de la justice sans efficacité, cela ne dure pas longtemps. Je ne vais pas vous proposer de distribuer l’argent qu’on ne produit pas. D’autres ont ce projet, ce n’est pas une bonne idée! Parce que mieux vaut produire et être efficace tout en étant juste. Et donc tout ce qui, dans notre projet, est proposé est à la fois efficace et juste. Nous ne voulons pas, en quelque sorte, être bancals.
De l’autre côté, nous réconcilions la liberté et la protection. Sans la liberté, beaucoup sont entravés de faire, de proposer, de créer, d’innover, d’assumer leurs choix. Mais la liberté, parfois, fait peur. Il y a aussi des victimes du monde dans lequel nous vivons. Donc il est nécessaire aussi de protéger les plus faibles, de protéger chacune et chacun aux moments importants de la vie pour qu’ils puissent se relever ou trouver leur place. Ce sont ceux-là, les fils rouges du projet qui est le nôtre mais avec une direction, - et je parle ici dans une terre qui est à la fois une terre de résistance et une terre de conquête -, une direction, qui est de retrouver l’esprit de conquête français, ce goût pour notre avenir, cette exigence pour notre quotidien et cette volonté de réussir, de trouver notre place dans le siècle qui s’ouvre. C’est cela, la vocation de la France et c’est cela, le coeur de notre projet .
Il y a beaucoup de sujets qui sont balayés, dans notre programme. On y reviendra dans les semaines à venir. Mais il y a six chantiers fondamentaux, les six chantiers sur lesquels, je l’ai dit, je veux non seulement personnellement m’engager en tant que président. Parce que, je vais vous le dire ici, je ne pense pas que ce soit une bonne chose d’être le président de tout, tout le temps. Cela n’existe pas, c’est une promesse intenable, ça finit mal. Mieux vaut définir des responsabilités essentielles et puis nommer celles et ceux qui ont tout le reste à faire. C’est cela, le sens de notre constitution, de nos institutions.
Ces six chantiers fondamentaux, ce seront ceux que je porterai. Mais ce sont aussi les chantiers sur lesquels je demanderai, à l’ensemble de nos partenaires, à l’ensemble de celles et ceux qui s’engagent, qui seront membres du gouvernement, membre de la majorité parlementaire, et qui nous suivront, de s’engager aussi de manière indéfectible. Nous aurons des désaccords sur beaucoup de sujets. Non seulement c’est inévitable mais c’est ce que j’aime. Et donc , je vous rassure, je n’ai jamais considéré qu’un mouvement était une structure disciplinaire. Beaucoup de partis politiques, aujourd’hui, fonctionnent comme ça. Du coup, les médias parlent de cacophonie dès qu’il y en a un qui n’est pas d’accord avec l’autre. C’est très bien si on n’est pas d’accord sur beaucoup de sujets et je souhaite que vous continuiez à partager les désaccords. C’est source de bonne santé démocratique.
Mais en même temps, nous devons, sur l'essentiel, être indéfectiblement liés. Parce que les mêmes partis qui se tancent, font la discipline dès qu’il y a la moindre fronde, le moindre couac, sont en train de se déchirer, de droite comme de gauche, sur les sujets les plus fondamentaux du pays. Ils ne sont plus d’accord sur l’Europe, sur la laïcité, sur le travail, sur les réformes. Alors, nous, nous avons partagé énormément de désaccords sur beaucoup de sujets accessoires du quotidien, mais nous serons indéfectiblement liés sur l’essentiel et ces six chantiers qui font le pays.
Le premier chantier, c’est celui de l’éducation, de l’école et de la culture. Parce que c’est ce qui nous tient, ce qui fait notre cohésion nationale, ce qui nous construit. L’identité de notre pays - je l’ai déjà dit il y a plusieurs mois, à Montpellier -, elle n’est pas dans des gènes, elle n’est pas dans une identité fantasmée, qui n’a d’ailleurs jamais été, elle n’est pas dans le sang, pas plus, en réalité, que dans le sol. Notre identité, c’est notre histoire, notre langue, notre culture, notre géographie, et associée à tout cela, notre volonté. L’identité française, c’est le mariage de la transmission de toutes ces valeurs, de tout ce qui nous fonde et, en même temps, ce ressort unique qui lie notre peuple, qui est la volonté d’être toujours quelque chose d’autre, d’accéder à l’universel, de se dépasser lui-même. C’est cela, la cohérence, la cohésion de la nation française. C’est cela, ce qui nous fait, ce qui nous distingue et que personne ne nous enlèvera. Et donc, je me battrai toujours contre celles et ceux qui prétendent porter l’identité française parce qu’ils la rétrécissent, qui prétendent dire “moi, je vous défends, Françaises, Français, vous qui avez peur, parce que vous allons fermer les frontières, parce que nous allons dire : le problème, c’est l’autre, l’étranger, l’étranger du dedans comme celui du dehors”. Ceux-là, ils trahissent ce qu’est réellement l’identité française, le mariage de notre culture et de certaines autres.
Et de la même façon, je ne céderai rien à certains qui, dans une droite réactionnaire, voudraient nous enfermer dans un multiculturalisme de bon aloi. J’ai dit et je l’assume, qu’il n’y avait pas une culture française. Il y a la culture française, qui est un fleuve dont les affluents sont multiples, qui est ce qui nous fait et en même temps nous dépasse. Mais que les tenants de l’art français ou d’une culture française unique viennent m’expliquer si Picasso fait partie de l’art français, si Chagall en fait partie et si tant d’autres qui étaient des métèques ne sont pas la culture française.
Donc oui, ici, nous défendons la culture française, parce qu’elle est indivisible mais elle n’est pas unique! Elle est diverse. Elle est faite d’affluents multiples, elle est forte de cette diversité. Mais elle s’unifie dans ce qu’elle porte, dans sa générosité et dans sa solidité autour d’une langue qui l’a faite. Cette langue, elle est riche : de la Bretagne à la Normandie, en allant jusqu’à la France d’Outre-mer, qui a fait chatoyer notre français d’une manière aussi différente. Elle est forte de nos auteurs qui l’ont nourrie et c’est cela que nous devons transmettre, c’est cela que nous changerons encore et encore, parce que notre culture n’est pas un musée fermé, qui sent le renfermé. Parce que notre culture est un musée flamboyant, fier, dont les artistes sont là, encore devant nous, et auront à grandir. Parce que c’est ce fleuve qui charrie notre histoire que nous devons comprendre mais qui est fort, encore, de tout ce qu’il ne connaît pas et qui est à advenir. C’est cela, vraiment, défendre la culture française dans ce qu’elle a de plus fort, de plus vrai. C’est cela, ce que nous portons et que nous défendons!
Oui, notre projet, c’est un projet d’éducation et de culture parce que c’est d’abord la transmission. On ne se construit pas, on n’y arrive pas dans un monde qui est totalement neuf et en bouleversement profond comme le nôtre, si on n’est pas l’héritier de quelque chose, si on n’est pas, en même temps, un enraciné. Cet enracinement, c’est la transmission. C’est pour ça que l’école et la culture sont fondamentales. En même temps, nous avons besoin d’émancipation. Mais on n’est libre que parce qu’on a appris. On n’est libre que parce qu’on est enraciné, qu’on vient de quelque part, qu’on naît quelque part, qu’on est responsable dans un endroit et dans un lieu qui construisent notre conscience. L’école, comme la culture, bâtissent ce ciment par la transmission et l’émancipation, c’est cela, notre projet.
Nous avons un projet exigeant qui donnera plus d’autonomie à l’école, aux collèges, aux lycées, aux universités, pour construire sur le terrain des vraies solutions pédagogiques, pour recruter plus librement les enseignants qui veulent partager un projet et construire sur le terrain, pour payer plus dignement celles et ceux qui font et reconnaître l’importance de cette fonction essentielle dans la République qu’est le maître, l’instituteur, le professeur, celui qui transmet parce qu’il est le coeur de l’autorité vraie.
C’est pour cela que notre projet portera aussi une exigence plus forte d’investir, de faire davantage, dans les endroits où c’est nécessaire : dans toutes nos zones d’éducation prioritaires, où se concentrent les difficultés économiques, sociales, où parfois les familles sont bousculées ou divisées. Il est indispensable de mettre plus de moyens. C’est pour cela que nous diviserons par deux le nombre d’élèves par classe en CP et CE1 dans toutes ces écoles.
Parce que la culture, c’est d’abord de la création, nous continuerons à développer ce qui est cette force française : de pouvoir créer, de développer une autre originalité dans le cinéma, le théâtre, la littérature, la peinture, la danse ; de pouvoir continuer à préserver un environnement qui accompagne celles et ceux qui font, qui créent chaque jour. Nous le préserverons et nous le développerons. C’est essentiel.
Dans le même temps, la bataille que nous devons réussir, c’est celle de l’accès de tous à la culture. La culture, chaque Française et chaque Français doit pouvoir y accéder quel que soit son milieu d’origine. C’est une bataille civilisationnelle et morale. On ne peut pas prétendre se battre contre le communautarisme dans les quartiers, contre les djihadistes, si on ne comprend pas que le coeur de cette bataille est culturel et civilisationnel. Il consiste à permettre à chacune et chacun, d’où qu’il vienne, d’accéder à la culture. Ce sera notre combat.
Pour cela, nous mettrons en place un pass culture, pour tous les jeunes à dix-huit ans, de cinq cents euros ; pour permettre, en particulier, à des jeunes modestes d’accéder à une culture qu’ils ne connaissent pas. Pour ceux-là, nous ouvrirons, et l’État le financera, l’ensemble des bibliothèques, dans les villes où ce sera utile et souhaité, en soirée et le week-end. Pour ceux-là aussi, nous récréerons les études dirigées partout, les stages de rattrapage l’été, ce temps partagé hors de la famille, parce que c’est comme cela qu’on corrige les vraies inégalités. Voilà notre projet pour l’école et pour la culture.
Le deuxième chantier que nous porterons est celui de la société du travail. Il est fondamental. Nous sommes dans le seul grand pays de l’Union européenne qui n’a pas gagné la bataille contre le chômage de masse depuis trente-cinq ans. Le seul. Alors je vais vous dire, je ne fais pas partie du camp des défaitistes parce que certains ont déjà, vous l’avez noté, abandonné cette bataille. Ils viennent expliquer aux Françaises et aux Français “on ne va pas se mentir, on n’y arrivera pas, donc on va vous donner de l’argent à défaut d’avoir du travail”. C’est le revenu universel. Non merci !
Je ne fais pas plus partie du camp de celles et ceux qui disent “pour réussir, il faut retirer des droits : vous n’avez pas bien compris mais il faut baisser les droits de tout le monde pour pouvoir donner du travail à tous, donc il y aura du travail très pauvre et vous verrez, ça ira mieux. La société vivra avec ce qu’elle vivra”. Certains ont essayé, ils ont voté le Brexit, les extrémismes qui montent. Non merci !
La société du travail que nous allons bâtir, c’est une société dans laquelle, d’abord, le travail est la valeur essentielle : celle qui permet d’émanciper, là aussi, de construire, de trouver sa place dans la société, de sortir du milieu d’où l’on vient ; et en même temps, celle qui, partout, se bat pour un travail digne, c’est-à-dire justement rémunéré, avec des droits mais un équilibre bien trouvé.
Alors c’est pour cela que nous nous battrons et nous continuerons à nous battre, pour l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, pour la simplification de la création de l’entreprise et de son développement, c’est essentiel. C’est pour cela, pour les entrepreneurs du quotidien, les indépendants, les premiers entrepreneurs - C’est près de deux millions et demi de Françaises et de Français, qui chaque matin prennent des risques, pour nourrir leur famille, pour faire, pour créer -, eh bien, c’est pour cela que nous supprimerons le régime social des indépendants. C’est pour cela que, afin de simplifier la vie des entrepreneurs, sans réduire les droits, nous donnerons plus de place au dialogue social dans la branche et dans l’entreprise. La loi ne définira plus tout: les grands principes. L’accord majoritaire d’entreprise définira le coeur des règles et, à défaut, l’accord majoritaire de branche. C’est cela, ce que nous proposons.
C’est pour cela que nous irons au bout de la réforme des Prud’hommes, que j’avais commencée comme ministre - accompagné par plusieurs d’entre vous - et qui permettra de mettre un plancher et un plafond aux dommages et intérêts, pour donner de la visibilité à tout le monde et encourager celles et ceux qui embauchent. C’est pour cela, pour que le franchissement des seuils ne soit plus un drame - on en parle tellement -, que d’abord, il pourra être défini dans les accords de branche et d’entreprise. Si certains veulent le changer, ils pourront le changer ! Mais en même temps que nous allons créer, par la loi, un mécanisme où il n’y aura plus qu’une instance qui représente les salariés, sauf si eux, sur le terrain, décident autrement, nous fusionnerons dans une instance unique le CHSCT, le comité d’entreprise et les multiples représentants des syndicats. C’est pour cela que nous devons simplifier les choses, transformer les crédits d’impôt qui existent en allègements de charges clairs et qui valent pour tout le monde. Et c’est pour cela que je porterai six points de charges en moins jusqu’à deux SMIC et demi, pour toutes les entreprises, quel que soit leur statut.
C’est parce que le travail est essentiel qu’il doit aussi payer de manière juste et c’est donc pour cela que tous les travailleurs et toutes les travailleuses verront leur pouvoir d’achat augmenter avec notre réforme de la prime d’activité et notre réforme du financement du chômage. Tous les travailleurs, toutes les travailleuses, qu’ils soient fonctionnaires, indépendants, entrepreneurs, professions libérales, salariés, verront leur pouvoir d’achat augmenter. Cent euros au SMIC, pour chaque travailleur. Cent euros par mois de plus, parce que nous financerons différemment les grands risques et parce que je ne veux plus entendre qu’il est plus intéressant de ne pas travailler que de travailler, dans notre pays.
Créer une société du travail, c’est aussi apporter les protections nécessaires à tous. Et donc, nous allons créer une nouvelle sécurité professionnelle en changeant les règles du chômage et de la formation continue. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que tout le monde aura droit au chômage, quel que soit le statut : les artisans, les commerçants, les agriculteurs, les indépendants auront droit au chômage. Et en même temps, je serai plus exigeant avec tout le monde. Il n’est pas normal que l’on puisse ne pas vraiment chercher un travail, que l’on puisse refuser à plusieurs reprises les offres qui sont faites. Et donc, parce que le chômage sera une protection universelle, il y aura des contrôles renforcés et, avec ce droit nouveau, des devoirs nouveaux. Et au deuxième refus, on perdra cette indemnisation du chômage.
Et en même temps, cette sécurité professionnelle que nous portons, elle veut dire que nous formerons toutes celles et ceux qui sont au chômage et qui ne trouvent pas d’emploi. Ça n’est pas le cas aujourd’hui ou alors ce sont des formations anecdotiques. Demain, nous proposerons un bilan de compétences à tous les chômeurs, avec la possibilité d’avoir une vraie formation pour retrouver un métier dans les métiers d’avenir. Et qu’est-ce qu’il va se passer, dans les années qui viennent ? Des secteurs seront bouleversés, nous allons vivre des transformations par le numérique, par la transition écologique. C’est en train, déjà, de commencer. Ne refaisons pas les erreurs d’hier. Ne condamnons pas au chômage de longue durée des Françaises et des Français qui, parce qu’ils sont dans un secteur profondément bousculé par ces changements technologiques, ne retrouveront plus de place. Et donc, nous devons les former pour aller vers de nouveaux métiers dans la silver economy, cette économie qui est en train de se développer, qui est celle que créent le vieillissement de notre population, la dépendance, ces nouveaux risques, qui font que des emplois de service, dans la domotique et dans l’innovation, vont se développer. De nouveaux métiers, dans l’écologie, dans les services. Et donc oui, nous devons reformer tout au long de la vie. C’est tout cela, défendre la société du travail, et c’est ce que nous portons !
Le troisième chantier, c’est celui du nouveau modèle de croissance. C’est ce que nous devons aussi porter. Quelle France nous allons inventer, sur le plan économique ? Une France qui rentre dans la modernité, avec ses équilibres, et qui donc investit et crée les règles d’une économie et d’une société nouvelles. Ce troisième chantier est formidablement exigeant. Et il impose d’abord d’investir. Oui, notre projet, c’est un projet d’économies : 60 milliards d’euros d’économies sur le quinquennat qui vient, pour être cohérents avec nos engagements européens. Mais en même temps, c’est un projet d’investissement, pour accompagner la transformation qui est la nôtre. C’est pour cela que j’ai décidé un plan d’investissement d’avenir de 50 milliards d’euros pour le quinquennat qui vient.
Et ce nouveau modèle que nous allons porter, évidemment, ce sera celui qui nous fera entrer dans l’économie du numérique en créant les nouvelles infrastructures, dans l’écologie. Mais il concerne tous les territoires. Et nous l’inventerons dans la France métropolitaine comme dans la France rurale. Ce plan d’investissement d’avenir va nous permettre de transformer, de porter ce projet complet et cohérent pour la ruralité, qui est le nôtre. Comment ? Eh bien d’abord, en permettant une vraie politique d’accès, partout dans la ruralité. Il y a cette France qu’on appelle la France périphérique, la France des villes moyennes, la France des petites villes, la France des campagnes. Elle est porteuse de cet esprit de conquête. Elle a envie de réussir. Elle est dans le XXIe siècle. Eh bien, en investissant comme nous voulons le faire, nous allons pleinement l’aider à y entrer.
D’abord par une politique de l’accès, l’accès par la route, les grandes infrastructures, et l’accès par le numérique. Qu’est-ce qui bloque une partie de notre pays ? Les infrastructures ne sont plus les bonnes. Il est trop difficile d’accéder aux régions qui sont économiquement les plus importantes ou aux métropoles voisines. C’est pour cela que dès le début du quinquennat, nous construirons une stratégie cohérente en termes d’infrastructures, un vrai plan de mobilité. Non pas pour promettre, je vous rassure, des aéroports ou des autoroutes partout, mais pour partout promettre les infrastructures qui permettent de relier, de manière efficace et moderne, par le train quand il existe, par l’autoroute quand elle existe, aux métropoles les plus importantes.
En Normandie, ici, vous avez des infrastructures. Mais quand on regarde les trajets, il est bien souvent plus difficile aujourd’hui qu’au début du siècle précédent d’accéder à Paris. C’est plus long, en train, que ça ne l’était au début du XXe siècle, dans beaucoup d’endroits. Donc je ne vais pas vous promettre de faire de nouveaux aéroports ou des nouvelles infrastructures très coûteuses, mais je vais déjà vous promettre qu’on sera beaucoup plus efficaces en modernisant les infrastructures qu’on a, pour que les trains les plus rapides puissent y rouler, en modernisant les autoroutes, et dans la ruralité profonde, en créant parfois des deux voies, des 2 x 2 voies, des routes nationales nécessaires pour accéder à la métropole la plus proche ou à la grande ville la plus proche. C’est cela, ce plan de modernisation que nous construirons, avec une enveloppe de 20 milliards d’euros dans notre plan, pour la modernisation des infrastructures, la modernisation écologique et structurelle que nous proposons.
En même temps, l’accès, c’est l’accès au numérique. Comment peut-on réussir, si on n’a pas le numérique ? Ce n’est pas possible. Or, dans nos campagnes, dans nos petites villes, dans nos villes moyennes, il y a de l’excellence pour réussir. On était ensemble, je me souviens, il y a quelques mois, dans une entreprise formidable, une imprimerie de la région, CORLET, qui fait… (applaudissements). Si en plus, M. CORLET est là, me dit-on, alors là… (applaudissements). Mais c’est formidable, une entreprise familiale, dans cette France que certains, dans les grandes villes, disent perdue, qui ne devrait pas faire partie de la mondialisation, et l’impression numérique la plus efficace, la plus moderne était là sous mes yeux. On imprime pour la France entière, et même l’Europe. Les technologies qui sont à la pointe étaient présentes dans l’entreprise, avec un esprit d’innovation extraordinaire. Mais il faut une chose, il faut l’accès au numérique. Et donc quand on se retrouve, ce qui n’était pas la situation de M. CORLET, dans une ville qui n’a pas l’accès au numérique, qui n’a pas la fibre ou la 3G ou la 4G, on ne peut pas procéder à de telles innovations. Et donc ce que l’État doit à toutes les Françaises et les Français, à toutes les entreprises, c’est cet accès. Et donc nous accélérerons le plan de déploiement du très haut débit et de la couverture mobile, et pour toutes les zones qui ne sont pas rentables, où on attend depuis trop longtemps les opérateurs qui ne veulent pas, eh bien l’État prendra ses responsabilités et déploiera lui-même, avec ce plan d’investissement.
La ruralité, c’est aussi l’agriculture. Et je vais vous le dire, l’agriculture, elle fait partie de notre modernité. J’étais, il y a quelques jours, au Salon, avant en Mayenne, terre voisine. Nous avons aujourd’hui des paysans - j’utilise toujours ce mot parce que je l’aime beaucoup. Des paysans qui, pour un tiers, vivent avec moins de 350 euros par mois, mais qui ont une envie de réussir, qui se battent chaque jour et qui veulent participer à cette transformation. Alors, ce que nous porterons, c’est un projet qui leur permet de vivre dignement de ce qu’ils produisent, et donc une réforme profonde de l’organisation de nos filières, avec la construction d’un prix payé qui soit cohérent avec les coûts de production. Avec des organisations de producteurs, qui, filière par filière, négocieront avec les transformateurs et les distributeurs, pour définir le juste prix. Et quand ça ne marchera pas, je suspendrai l’application de la loi de modernisation de l’économie, pour que cela se fasse.
Et en même temps, ils ont aussi besoin d‘être protégés, face aux variations des cours mondiaux. Et c’est pour cela qu’ils ont aussi besoin d’Europe. Vous savez, j’ai entendu les voix de certaines sirènes - des “sirènes”, c’est un bien grand mot. Moi je ne crois pas que ce soient des sirènes, pour être honnête avec vous… Mais j’ai entendu des voix aller expliquer partout, sur le Salon de l’Agriculture, “votre problème c’est l’Europe. L’Europe c’est terrible, nous, on va faire une PAC française. On va vous protéger”. Mais les paysans ne sont pas fous ! Moi, je suis passé derrière, tous me disaient “ce qui nous a tués, c’est le moins d’Europe. C’est l’Europe qui nous protégeait avant, et qui nous protège moins”. La PAC française, mes bons amis, mais qui continuera à acheter notre lait, à l’étranger ? Ici, le lait qui est produit en Normandie, à 40%, il est exporté. Alors n’écoutez pas ces voix qui vous disent qu’on doit refermer les frontières. Non, ce qu’ils veulent, c’est une Europe qui protège vraiment, qui les protègera face aux Chinois, face aux grands étrangers. Et donc, nous re-négocierons une PAC, une Politique Agricole Commune, qui protège vraiment nos paysans et qui maintienne le cours des prix quand ceux-ci s’effondrent, qui ait des mécanismes de garantie efficaces. C’est cela, ce projet, et c’est un peu tout cela, cette modernisation de notre modèle économique et ce que nous porterons, parce que oui, toutes et tous ont leur place dans cette nouvelle économie.
Alors nous aurons bien d’autres chantiers, je le dis ici parce qu’il y a plusieurs amis pour lesquels ces sujets sont chers : le tourisme fait partie de ce nouveau modèle de développement. On en parle trop peu. Moi, j’ai défendu notre industrie, je défends notre agriculture, mais le tourisme en France est fondamental. Ce sont deux millions de nos concitoyens, c’est 7% de notre PIB, notre Produit Intérieur Brut. Notre tourisme, ce sont nos paysages, notre culture, notre gastronomie, notre savoir-faire, nos artisans, nos commerçants. Ce sont des emplois non délocalisables. C’est aussi le numérique, quand il est réconcilié avec ces métiers. Alors oui, avoir une stratégie touristique, qui valorise ce que nous portons, ces villes dont le nom évoque tant de littérature, cher Tristan, et qui sont si fondamentales. Eh bien, c’est tout cela ce que nous porterons aussi dans ce modèle d’avenir. Nous en avons besoin.
Et donc vous le voyez, cette transformation, elle est absolument essentielle. Elle suppose plusieurs réformes fondamentales, des réformes sectorielles, comme dans l’agriculture, la réforme de nos retraites - et nous prendrons le temps pour la faire et la rendre plus juste -, la réforme de notre politique des quartiers, pour permettre plus de mobilité économique et sociale, la réforme de notre politique énergétique que nous conduirons, cher Stéphane, comme on l’a toujours fait, en étant cohérent avec la présence du nucléaire et cette région en porte, et je n’ai jamais fait partie de ceux qui ont considéré que le nucléaire était une maladie. Et en même temps, nous devons réduire notre exposition à cette énergie et donc faire monter les énergies renouvelables, les développer, avoir un vrai projet d’investissement. Et faire que des terres qui portent aujourd’hui le nucléaire puissent aussi être celles qui porteront, et qui commencent à porter, les énergies renouvelables, le solaire, l’éolien, l’éolien offshore. Parce que nous en avons besoin, ce sont des emplois créés et c’est aussi du développement.
Notre quatrième chantier, mes amis, ce sera la sécurité. C’est un projet essentiel, il n’y a pas de liberté vraie sans sécurité. Nous sommes face à une menace inédite, celle du terrorisme, du djihadisme, de ce terrorisme islamiste qui cherche à créer en nous la guerre civile. Il y a d’abord un réalisme, une exigence, sur le plan international. J’aurai une politique internationale visant partout à construire la paix, à préserver la stabilité des États, qui poursuivra une finalité première : la sécurité des Français et l’éradication de tous les mouvements djihadistes partout sur la planète. C’est pour cela que nous continuerons nos engagements militaires, dans les coalitions pertinentes, pour lutter contre les djihadistes. C’est pour cela que nous continuerons l’engagement pour nos forces de l’ordre ; je l’ai dit et je m’y suis engagé, pour porter à 2% du Produit Intérieur Brut le budget de la Défense.
Dans nos frontières, nous aurons aussi une politique de lutte contre le terrorisme, en recréant les services de renseignement, en ayant un service de renseignement national mieux coordonné et en créant 10 000 places de policiers et de gendarmes pour nos concitoyens. La sécurité, c’est aussi celle du quotidien et là-dessus soyons clairs : nous conduirons une politique de tolérance zéro. Tolérance zéro à l’égard des délinquants, tolérance zéro à l’égard de toute violence policière. C’est pour cela que le coeur de notre projet, c’est de recréer une police de sécurité quotidienne qui permettra de redéfinir dans les quartiers quels qu’ils soient, urbains, ruraux, la vraie politique avec les élus, avec les associations pour protéger nos concitoyens, leur rendre compte. Mais avec, aussi, de nouvelles armes, la possibilité de sanctionner immédiatement les petites infractions du quotidien par des amendes. Là où aujourd’hui nos policiers sont découragés par des procédures trop longues dont la grande majorité se finit sans résultat. Ils auront aussi la possibilité d’éloigner du territoire, du quartier, de la barre d’immeuble, de l’endroit où ils sévissent celles et ceux qui parfois créent la terreur et qui y restent parce qu’on ne peut pas les sanctionner. Nous créerons un pouvoir d’injonction d’éloignement du territoire, sous le contrôle du juge, et qui rendra nos policiers et nos gendarmes plus efficace au quotidien.
C’est donc aussi une politique, vous le voyez, pragmatique que nous conduirons, en matière de sécurité. Je ne vous proposerai pas la déchéance de nationalité pour les terroristes, cela ne sert à rien, cela nous divise et ce sont des débats odieux. Je ne vous proposerai pas non plus d’abaisser la majorité pénale à 16 ans, parce que là aussi, ce sont de vieux débats, on les connaît par coeur, c’est agiter la peur du peuple, c’est venir gratter ce que nos esprits ont de plus triste, pour pouvoir faire des voix, ça ne sert à rien, bien au contraire. Un jeune de 16 ans reste un jeune de 16 ans, ce n’est pas un adulte. Allez le mettre en prison avec d’autres qui en ont 30 ou 40 et peut-être que vous achevez toute chance de le reconstruire ou de le réinsérer. Et surtout, je le dis pour celles et ceux qui ont ouvert ce débat, cela existe déjà mais c’est le juge qui décide, ce qui est beaucoup mieux. Le juge peut aujourd’hui, devant des faits graves, abaisser la majorité pénale à 16 ans. Donc, de grâce, n’emmenons pas nos concitoyens dans de faux débats, dans des débats nauséabonds, soyons avant tout efficaces pour notre sécurité.
Et puis protéger, enfin, c’est la laïcité. Nous défendons la laïcité vraie, celle de 1905, pas la laïcité prétexte des uns. Pas la laïcité de certains qui voudraient que la laïcité soit une arme contre une seule religion. Non. Pas la laïcité des petits accommodements que proposent les autres, qui consisterait à ne pas regarder dans certains quartiers, quand les femmes n’ont pas le droit d’aller s’installer aux terrasses. Non! La laïcité, en ce qu’elle est un bouclier, en ce qu’elle préserve le droit de croire et le droit de ne pas croire. Notre laïcité, c’est ce qui permettra de ne pas tomber dans le piège ouvert par nos assaillants, par les djihadistes. Qu’est-ce qu’ils attendent ? Que nous désignions l’ennemi intérieur. Que l’on aille dire “vous savez le problème qu’on a en France, ce sont, au fond, les musulmans, le problème qu’on a, ce sont les femmes voilées”. Non, parce que les Français de confession musulmane, ils sont français. Non, parce que la République protège chacune et chacun. En même temps, la République, elle protège celles et ceux qui ne veulent pas être voilés, qui ne veulent pas le faire. Et partout les lois de la République s’imposent. Partout les lois de la République sont supérieures aux lois de toute religion. C’est cet ensemble qu’est la laïcité, c’est tout cela.
Notre cinquième chantier, ce sera le renouveau démocratique. Ah oui, nous en avons furieusement besoin ! Je vous le dis - s’il devait y avoir quelque malentendu que ce soit, parce que parfois, les esprits égarés pourraient penser de travers -, le renouveau démocratique ne sera pas demain après-midi dans la rue, au Trocadéro. Ça, ça a un nom, une histoire, ça s’appelle la réaction.
Le renouveau démocratique, c’est ce que vous portez depuis le mois d’avril 2016, c’est ce que nous sommes, c’est ce mariage inattendu. Tout le monde se moquait de nous, tout le monde. Les grands appareils, qui faisaient leurs primaires, la guerre. Les mêmes qui, d’ailleurs, sont en train de la déconstruire, à nous expliquer “il faut reporter les élections, on s’est trompé, celui qu’on avait choisi là n’est finalement pas le bon”. Ça, ce sont les fatigués de la démocratie, ce sont les hébétés. Le renouveau démocratique, c’est celui qui se tient debout, large, qui dit “on n’est pas d’accord sur tout, il y a des dissonances, des divergences”, et c’est le renouvellement marié au rassemblement. C’est le fait que depuis avril dernier, nous partageons les mêmes valeurs sur la liberté, la justice sociale, l’Europe, la laïcité, l’école, que nous acceptons nos différences et que nous voulons faire ensemble pour le pays. A chaque grand moment historique, notre peuple l’a fait.
Et donc oui, le renouveau démocratique, nous sommes en train de le bâtir par le renouvellement et le rassemblement de familles politiques diverses, plurielles, que nous respectons dans leur identité, et nous l’avons montré ces dernières semaines, avec plusieurs grands décideurs nationaux. Et c’est tout cela, c’est ce que nous sommes en train de faire, c’est cela le visage du renouvellement démocratique français. Alors que nous arrivons à son terme, et en allant plus loin, en portant le non-cumul des mandats dans le temps et en limitant les mandats parlementaires aussi dans le temps, nous le porterons plus loin, grâce à une réforme de nos institutions, et donc de nos deux grandes chambres, en réduisant d’un tiers le nombre de députés et de sénateurs. Non pas pour aller dire “il faut faire des économies”, non pas pour aller dire, comme le font certains “ce sont tous des fainéants”, ce n’est pas vrai, moi je l’ai vu faire, si je puis dire. On m’a beaucoup reproché de ne pas être élu. Mais j’ai vu ce qu’étaient, et ils sont là, les députés, les parlementaires qui travaillent de nuit, le week-end, etc. Ce n’est pas une sinécure, ce n’est pas vrai. Mais en réduisant le nombre, on leur permettra de travailler mieux, d’avoir plus de moyens, d’avoir des équipes constituées, de pouvoir évaluer nos politiques publiques. Et donc oui, je le dis là parce que j’ai été interpellé il y a quelques jours, à juste titre, par d’autres responsables politiques: je suis favorable à plus d’évaluation de nos politiques publiques et de nos finances publiques.
Et enfin, notre renouveau démocratique nous le porterons par une vraie moralisation de notre vie politique. Ce projet - et nous travaillons, cher Alain, tu l’as porté, pour partie d’ailleurs, récemment, au Parlement, sur un texte de loi -, il consiste à ne pas permettre d’investir, et nous le ferons puisqu’il nous concerne, ou d’élire quelqu’un qui a un casier judiciaire ou qui a été condamné. Il nous conduira à interdire les emplois familiaux pour les élus et il nous conduira à clarifier les règles de rémunération. Ce devrait être les mêmes règles pour tout un chacun. Ce que touche un parlementaire doit être imposé et ses frais déclarés comme tout le monde aux impôts.
Et enfin nous lutterons contre les conflits d’intérêts. On ne peut pas faire la loi de la République en étant en même temps rémunéré par des grands intérêts - qui n’ont en soi, je dirais, rien de mal, mais qui, de fait, mettent en situation de conflit d'intérêts. On ne peut pas toucher de l’argent d’entreprises, grandes ou petites, de lobbies, d’intérêts français ou étrangers en prétendant faire la loi de la République. Donc, nous supprimerons le droit d’avoir des activités de conseils pour les parlementaires.
Enfin mes amis, notre dernier chantier, ce sera l’Europe. Alors vous savez, c’est un peu comme Monsieur Jourdain chez Molière, depuis tout à l’heure vous faites de l’Europe sans le savoir, depuis tout à l’heure je vous parle d’Europe sans que vous le sachiez, quand on a parlé de notre sécurité, quand on a parlé de notre agriculture, quand on a parlé du numérique, quand on a parlé des investissements, quand on a parlé de la culture aussi, on a parlé d’Europe. Parce que c’est l’Europe qui nous tient, qui nous permet de réussir sur nombre de ces sujets que construit notre cohérence. Alors oui, nous devons défendre l’Europe, pas de manière béate, mais parce que depuis plus de dix ans, les défenseurs de l’Europe ont commis une faute, c’est de laisser la critique de l’Europe aux anti-européens, nous devons la porter, notre Europe est une Europe meilleure, celle que nous voulons et celle que nous porterons.
Parce que l’Europe, c‘est ce qui nous rend plus forts dans ce monde ouvert, et je le dis souvent, notre vraie souveraineté sur beaucoup de sujets est européenne. Si je veux vous protéger, protéger vos données individuelles sur Internet, protéger nos entreprises, nos petits artisans, nos entrepreneurs du numérique, dans le tourisme ou autres. Face aux géants de l’Internet, je ne le peux pas en n’étant que français. J’ai besoin d’avoir un vrai marché unique du numérique. Si je veux protéger nos agriculteurs ou vous tous et toutes, face aux dérégulations, aux grands risques sanitaires, à des géants comme Monsanto-Bayer qui se sont constitués, j’ai besoin de créer des règles européennes.
Si je veux protéger nos industriels, nos paysans, face à des pratiques déloyales qui viennent de l’autre bout du monde, de la Chine comme des États-Unis, j’ai besoin de l’Europe, je ne saurai pas le faire sans l’Europe. Si je dis demain à la Chine “je vous refuse ce produit”, ils refuseront tous nos produits parce que nous sommes un tout petit marché. Donc l’Europe, sur tous ces sujets, est notre souveraineté.
De la même façon, si je veux vous protéger face aux grandes migrations, au risque terroriste, j’ai besoin de tenir les frontières européennes, les frontières de Schengen, j’ai besoin de plus de moyens, de plus de gardes-frontières, j’ai besoin de plus de coopération entre nos services de renseignement au niveau européen, j’ai besoin d’une vraie politique d’asile au niveau européen. Mais je ne vous protégerai pas mieux si je referme les frontières françaises, ça n’est pas vrai, ce monde-là est passé. Et donc face à ce monde qui change, qui se bouscule, où les États-Unis sont en train de douter d’eux-mêmes et de nous faire comprendre qu’ils ne nous protégeront plus, où les risques géopolitiques sont à nos portes, où l’Afrique est pleine d’opportunités mais en même temps de menaces, nous avons besoin d’une Europe plus forte et c’est cela que nous porterons.
Donc oui, parce que nous ferons des réformes en France, nous convaincrons d’abord nos partenaires allemands d’aller plus loin et de prendre une nouvelle initiative; c’est la première condition. Ensuite, nous proposerons une Europe plus forte, à dix-neuf, dans la zone euro, avec un budget de la zone euro, pour relancer l’investissement, avec une vraie solidarité, un vrai parlement de la zone euro, un vrai gouvernement économique de la zone euro. Alors oui, parce que nous croyons à l’Europe, nous proposerons aussi de relancer le marché unique du numérique, le marché unique de l’écologie et de l’énergie et d’avoir une vraie politique commune de sécurité. C’est tout cela, l’ambition européenne que je veux porter pour vous, mes amis.
Nous avons encore quelques semaines jusqu’au premier tour de cette campagne. Elles seront dures parce que rien ne nous sera épargné. Parce ceux qui hier nous raillaient nous voient aujourd’hui comme une menace, parce qu’ils ont décidé que le climat de cette campagne serait délétère et qu’on ne respecterait plus rien. Ce que je vous demande, c’est que, sur chacun de ces projets, chacun de ces défis, vous ne cédiez rien, vous alliez partout expliquer, porter notre ambition, porter notre volonté de conquête parce que notre pays le mérite, parce que la France, au moment où nous sommes, le mérite terriblement.
Ce projet qui est le nôtre, c’est un projet qui libère et qui protège, c’est un projet essentiel pour notre pays, aujourd’hui. Je vous le dis, soyez fiers du projet que nous portons parce que la modernité, elle est là - et je lance un appel à toutes les femmes et les hommes de la société civile, qui en France se demandent où est la modernité, où est le XXIe siècle qui arrive. Il est ici! Rejoignez-le! Je lance un appel à toutes les femmes et les hommes de gauche qui aujourd’hui doutent et se disent “ce n’est pas possible, la gauche à laquelle je crois n’est pas un projet d’hier, ce n’est pas un projet qu’on défend en insultant, ce n’est pas un projet qui recroqueville, qui accepte la défaite”. Je vous le dis, oui, vous avez ici le projet de la modernité, des défis du XXIe siècle alors rejoignez-le!
(Macron Président, Macron Président !)
Je veux lancer un appel à toutes les femmes et les hommes du centre et de la droite qui aujourd’hui doutent, sont blessés, se sentent floués par des appareils dans lesquels ils ne se reconnaissent plus, par des hommes qui ont décidé de ne plus prendre leurs responsabilités et d’être dignes de la parole publique. Je leur dis “la modernité, le défi que vous voulez relever, les valeurs dans lesquelles vous vous retrouvez, elles sont ici, alors rejoignez-les!”
Alors oui, les amis, nous sommes ici, en Normandie, dans ces terres de résistance, parce que nous aurons à résister à ce climat délétère dans lequel nous vivons, parce que nous portons cette volonté de dignité. Mais nous sommes ici, aujourd’hui, aussi dans des terres de conquête et nous porterons cette conquête optimiste et exigeante qui est la nôtre.
Vive la République, vive la France! Merci!
(Marseillaise)