Lecture : "What Happened" by Hillary Clinton
29 septembre 2017 - Retrouvez le résumé du livre d'Hillary Clinton sorti le 12 septembre dernier.
Qu’Hillary Clinton ait perdu les élections ne signifie pas que son avis sur la démocratie américaine ne compte pas. Au contraire d’ailleurs : un candidat majeur qui cherche à comprendre les raisons de sa défaite est l’occasion de tirer un certain nombre d’enseignements.
La plus connue de ces raisons d’abord : la déstabilisation par des agents extérieurs. Hillary Clinton rappelle que 20 % des tweets politiques publiés le dernier mois de campagne l’ont été par des bots, la plupart russes ; que 70 millions d’Américains ont été exposés à de la propagande pro-Trump sur Facebook payée en Russie ; et surtout que des hackers étrangers ont pénétré les systèmes électroniques de vote de plusieurs états américains. Cela fait bien sûr écho au piratage des systèmes informatiques d’En Marche ! lors du dernier jour de campagne française, et qui permet à Hillary Clinton de louer nos lois électorales et le patriotisme de notre presse. Cette campagne de déstabilisation des grandes démocraties par des entités qui rejettent le progressisme, le libéralisme, les valeurs d'universalité devrait néanmoins être l’une de nos inquiétudes les plus sérieuses.
Mais au-delà des forces de sape extérieures, c’est la démocratie américaine qui a fait face à ses propres limites. Hillary Clinton prend sa part de responsabilité : elle n’a pas toujours fait campagne de la bonne façon. Elle a eu des paroles malheureuses, certaines qu’elle regrette du bout des lèvres, comme d’avoir qualifié la moitié des électeurs de Trump de « déplorables ». Elle s’en prend surtout au Directeur du FBI, lui qui a outrepassé ses prérogatives une semaine avant la fin de la campagne en relançant une enquête sur ses proches, aux Russes et à l’équipe Trump, mais aussi à Bernie Sanders qui lui aurait savonné la planche par des promesses démagogiques.
En réalité, l’intérêt de sa critique porte au-delà du sexisme en politique, du racisme réel d’une partie de l’électorat, et du blame-game propre aux lendemains de campagne. C’est le système présidentiel qu’Hillary Clinton accuse. Parce qu’il place l’homme plutôt que le programme au centre de l’attention, l’élection présidentielle américaine donne trop d’importance aux polémiques au détriment de la politique noble. Ainsi, rappelle Clinton, les télévisions américaines ont traité 7 fois moins longtemps des sujets politiques de fond en 2008 qu’en 2016. C’est autant de temps de perdu en petites phrases ou en controverses, une stratégie délibérément entretenue par l’équipe Trump.
Hillary Clinton écrit ainsi :
“I was running a traditional presidential campaign with carefully thought-out policies and painstakingly built coalitions, while Trump was running a reality TV show that expertly and relentlessly stoked Americans’ anger and resentment.”
L’avalanche des polémiques provoquées par Trump a de plus réussi à obérer toute discussion de fond sur les programmes et à mettre en relief les quelques casseroles d’Hillary Clinton, présentées comme des fautes majeures. Cette réflexion sur le risque de voir une élection présidentielle pervertie et détournée est sans doute la leçon la plus instructive du livre.
Tout n’a pas été noir dans la campagne d’Hillary Clinton. Elle a remporté la majorité des suffrages (mais pas ceux du collège électoral). Ella a été la première femme à être candidate nominée d’un grand parti. 100 000 voix seulement dans une poignée d’états la séparent de la présidence américaine. Mais à la fin, elle n’est pas devenue présidente.
This is what happened.