Urgences : 3 questions à... Esther Laisné et Thomas Mesnier

15 novembre 2019 - Esther Laisné et Thomas Mesnier sont les responsables Santé de La République En Marche. Ils nous livrent leur point de vue sur la situation des urgences.

1- Quelle est la situation actuelle au sein des services d’urgence ?

Les urgences font aujourd’hui face à d’importants défis. Les flux de patients ont connu une croissance très soutenue : alors que le nombre d’urgences vitales est resté stable, les demandes liées aux autres soins d’urgence se sont emballées. Les temps d’attente se sont par conséquent considérablement allongés et les conditions de travail se sont dégradés. L’engorgement mène à une hausse des situations conflictuelles, de la violence et du stress. Autre constat, un part non-négligeable des recours aux services d’urgence est évitable : de nombreux patients se présentent à l'accueil des urgences alors que des consultations en médecine générale auraient été plus adaptées (les estimations vont de 6% à 43%).

2- Quelles sont les raisons sous-jacentes de cette situation ?

Plusieurs phénomènes expliquent la gravité de la situation dans les services d’urgence. Le vieillissement de la population mène à une augmentation le nombre de pathologies cardiovasculaires, neurologiques, et cancéreuses, qui explique en partie la surfréquentation des services d’urgence. Les techniques de contournement pour éviter des délais de rendez-vous ou d’hospitalisation trop longs sont également fréquents, aggravés par le faible développement des système de gardes en médecine générale. Les services d’urgence subissent aussi l’aggravation de la précarisation sociale et l’accroissement des population marginalisés et sans couverture sociale. La manque de moyens et la baisse du nombre de lits d’hospitalisation (64 000 lits d'hospitalisation en moins entre 2003 et 2016) explique également enfin pourquoi les urgences n’ont pas pu faire face à l’augmentation des flux.

3- Quelles mesures pour y remédier ?

Le premier volet de réponses adaptées à la gravité de la situation concerne l’investissement : nos urgences ont besoin de moyens financiers accrus pour répondre d’une part à la crise à laquelle ils font face et d’autre part à la revalorisation de nos personnels tout en leur assurant une montée en compétence où tout le monde sera gagnant. Ensuite, il faut rendre à l’attractivité des métiers de la santé leur grandeur : les professionnels des urgences font un métier aussi passionnant que difficile, et il faut leur donner les moyens de mieux soigner. Désengorger les services pour mettre fin aux incivilités, au stress et à la violence sera une première étape. L’observatoire de la qualité de la vie au travail doit également s’assurer que nos infirmiers, nos aides-soignants et tous les autres puissent agir sereinement. Enfin, il faut une meilleure organisation de nos services, notamment en reliant les urgences à l’ensemble des autres services des hôpitaux. Il faut aussi garantir une admission directe des personnes âgées dans les services d’hospitalisation, en imitant certains hôpitaux qui ont mis en place des numéros d’appel accessibles aux médecins libéraux et aux EHPAD pour obtenir un avis médical et, si nécessaire, faciliter les admissions directes dans les services hospitaliers adéquats.

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