Quelle organisation pour l’Islam dans la République française ?
10 février 2018 - Retour sur l’entretien donné par Emmanuel Macron au JDD le 10 février 2018 pour donner le cap et le calendrier de l’organisation de l’Islam en France.
Lors d’un entretien au JDD du 10 février, Emmanuel Macron a rappelé sa vision de la laïcité : « elle n'est pas un vide à l'intersection de toutes les croyances que l'État serait chargé d'occuper ». Il a ensuite donné son cap pour organiser l’Islam au sein de la République française.
Structurer l’Islam de France dès 2018
Emmanuel Macron avait déploré que l’organisation du culte musulman en France échoppe sur deux points :
- La Fondation pour l’Islam de France, créée en 2016 par le Gouvernement, est limitée dans son action car elle ne prend en charge que des projets socio-culturels et ne peut pas traiter des questions proprement cultuelles.
- Seulement 10 % de la population musulmane vivant en France se sent représentée par le Conseil français du culte musulman, ce qui empêche cette institution de la représenter dans sa mission de dialogue avec les autorités de la République.
Emmanuel Macron a donc affirmé pendant sa campagne l’importance de structurer différemment l’Islam de France et a proposé la création d’une « fédération nationale de l’Islam de France » pour rassembler toutes les associations cultuelles locales nées dans le cadre de la loi de 1905.
L’islam en France a besoin de plus de clarté sur le financement et la formation de ceux qui prédiquent. #BeurFM pic.twitter.com/fpPomPzzRZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 14 avril 2017
Dans cette entretien au JDD, il précise le calendrier : « Nous travaillons à la structuration de l'Islam de France (...) c'est durant ce premier semestre 2018 que je souhaite poser les jalons de toute son organisation ».
La méthode Macron, la concertation
Le président de la République a insisté sur l’importance d’associer à sa réflexion des personnes qui lui permettront d’inscrire cette réforme dans le temps long. Son but est de réfléchir en profondeur à la place de toutes les religions dans la société.
« Je vais continuer à consulter beaucoup. Je vois des intellectuels et des universitaires, comme Gilles Kepel, des représentants de toutes religions, car je considère que nous devons nous inspirer fortement de notre histoire, de l'histoire des catholiques et de celle des protestants. »
Priorité à la clarté et à la pédagogie
Conscient de l’importance de ce sujet aux yeux des Français et des dérives qui existent dans un débat si complexe, Emmanuel Macron souhaite prendre le temps de la pédagogie.
« Nous travaillons aussi à la manière de l'expliquer, ce qui est extrêmement important. Je l'avais fait le 4 janvier dernier lors de mes vœux aux autorités religieuses (...) et encore jeudi dernier, à Tunis, où j'ai parlé de l'Islam assez longuement. Cette méthode permet de ne pas faire de raccourcis. »
Les Tunisiens ont fait mentir ceux qui veulent faire croire que l'islam n'est pas compatible avec la démocratie.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 1 février 2018
Objectif prioritaire : organiser l’islam dans le respect laïc
Interrogé sur l’opportunité d’un nouveau « concordat » comme cela a été organisé avec l’Église catholique en Alsace-Moselle, le président de la République a répondu : « quelle que soit l'option retenue, [son] objectif est de retrouver ce qui est le cœur de la laïcité, la possibilité de pouvoir croire comme de ne pas croire, afin de préserver la cohésion nationale et la possibilité d'avoir des consciences libres ».
Il a précisé : « Je pense que le risque, dans toute cette affaire, est (...) de faire des raccourcis en plongeant tout le monde dans un même sac. Il y a une question qui est celle de l'organisation. Mais il y a une autre question, qui est celle du rapport entre l'islam et la République. »
La laïcité, nous ne le répéterons jamais assez, est une liberté avant d’être un interdit. Elle est un texte de tolérance. #laFrancequiunit pic.twitter.com/tagS0tpakN
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 18 octobre 2016