Raphaël Bernardin, maire de St-Sulpice-La-Pointe : “La vie municipale ne s’est jamais arrêtée”

14 mai 2020 - Au cœur du Tarn, à mi-chemin entre Albi et Toulouse, la commune de Saint-Sulpice-La-Pointe est administrée depuis 2017 par Raphaël Bernardin, réélu dès le 1er tour en mars dernier. Il nous raconte comme la ville s’est adaptée à la crise sanitaire.

La vie municipale a été bouleversée par cette crise et le confinement. Comment avez-vous organisé la continuité des missions de la mairie ?

Au lendemain du 1er tour des élections municipales, il a fallu se mettre en ordre de marche pour le confinement et réorienter les activités de la mairie vers les services essentiels : assurer la sécurité de tous, poursuivre la tenue de l’état civil, accompagner l’adaptation de l’EHPAD, veiller à la salubrité publique … et expliquer au fur et à mesure toutes ces nouvelles règles aux habitants. Pour cela, nous avons mis en place dès le premier jour un plan de continuité de l’activité, donnant de la lisibilité à la nouvelle organisation de la collectivité : une sorte de “qui fait quoi”, structurant et compréhensible. La vie municipale ne s’est jamais arrêtée. C’est pourquoi ma priorité a été de veiller à la sécurité des agents municipaux en première ligne, en établissant dès le début de l’épidémie une cartographie des risques (en croisant les fragilités des agents au risque d’exposition au Covid-19).

Nous avons également rapidement déployé des solutions inédites pour faciliter le télétravail : autorisation pour le personnel administratif d’emporter chez eux le matériel informatique nécessaire, création d’un groupe Whatsapp, développement des visioconférences... En une semaine, une quarantaine de collaborateurs se sont mis à télétravailler, participant eux aussi à la continuité de l’activité municipale.

En tant que Maire, je souhaite que ce type d’outils puissent perdurer. Peu avant le confinement, le conseil municipal avait salué unanimement un projet de télétravail : le Covid-19 a permis d’accélérer les choses, en nous obligeant à être agiles et solidaires ! Auparavant, certains agents perdaient jusqu’à 1h30 de route chaque jour pour venir physiquement sur site. Cette nouvelle façon d’échanger et de travailler, qui favorise l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et contribue à la préservation de la planète par la réduction de pollution qui en découle, a considérablement changé la donne.

Comment accompagner les habitants de Saint-Sulpice-la-Pointe dans cette vie “avec le virus” ?

L’accompagnement et le soutien au quotidien, c’est le rôle clé des élus de proximité. Pendant le confinement, nous avons transformé l’accueil traditionnellement assuré par la mairie en une plateforme téléphonique, pour continuer à répondre aux nombreuses questions que la situation, anxiogène, a engendrées, et à être présents auprès des plus fragiles. Chaque jour, le CCAS s’est manifesté auprès des plus vulnérables, de même que les citoyens, qui se sont bénévolement organisés par exemple pour porter des courses à nos aînés. Nous avons également accompagné les résidents confinés dans l’EHPAD de notre commune en leur permettant d’échanger via des tablettes numériques avec leurs familles éloignées.

Face à tous ces défis, nous sommes passés, ensemble, de la proximité à la personnalisation. Dans cette optique, l’équipe municipale s’est également positionnée comme un facilitateur auprès des entreprises, afin de diriger les entrepreneurs en souffrance vers les bons dispositifs d’aides, ou en proposant un rapprochement entre producteurs locaux et consommateurs via une plateforme. Enfin, dans la perspective du déconfinement, nous avons dû imaginer des réponses aux nombreuses interrogations, légitimes, soulevées par la reprise progressive : angoisse des personnes âgées vulnérables, stress des parents dans le cadre de la reprise des écoles, anxiété à l’idée de ne pas avoir accès à un matériel de protection suffisant etc.

Quels enseignements peut-on tirer de cette crise ? En quoi a-t-elle transformé votre vision de la ville de demain ?

Quand on est en confinement, on a le temps de se poser les bonnes questions. Le président nous a invités à “remettre du temps long” dans nos vies. Des parents ont pris du temps pour aider leurs enfants à apprendre leurs leçons. Des entrepreneurs se sont interrogés sur notre modèle, l’immédiateté, la consommation, la comparaison incessante, et se sont dit : “je ferai différemment après”. Bien sûr, il y a également eu des comportements plus individualistes, comme courir dans les supermarchés dans les premiers jours ou se battre pour avoir des masques. Mais je crois que nous avons tous réalisé que cela ne peut plus continuer comme avant : la disparition des nuages de pollution partout dans le monde est un révélateur d’un mode de vie à bout de souffle qu’il est impératif de transformer.

A l’échelle de la commune, nous avons besoin d’une ville plus authentique. L’entraide, la solidarité sont nourries par des relations de confiance entre les habitants, et participent à la considération et la reconnaissance que les citoyens attendent de leurs élus. Nous avons tous applaudi ceux qui sont allés au front, parce que c’était leur devoir : les policiers, les soignants, les personnels des EHPAD, les caissiers, les éboueurs. La recherche de sens dans une communauté passe aussi par une certaine proximité entre les citoyens, qui montent ensemble des initiatives locales et qui se sentent ainsi tous responsables de la réussite collective d’un territoire.

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