Marlène Schiappa : “Aider les victimes à s’extraire des situations de violence”
9 avril 2020 - Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, appelle à redoubler de vigilance face aux risques de violences conjugales pendant le confinement. Elle nous explique les nouveaux dispositifs mis en place.
Le confinement instauré pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 peut exacerber les violences conjugales. Comment s'adapte le système de protection des victimes ?
En effet, en cette période de confinement la situation est préoccupante pour les femmes victimes de violences conjugales puisque, d’une part, elles sont confinées avec leur agresseur, et d’autre part, elles ont moins l’occasion de sortir pour tirer le signal d’alarme et s’extraire de cette situation de violence.
Si les victimes ne peuvent pas se rendre dans les points d’accès à leurs droits, le Gouvernement veut s’assurer que les dispositifs d’accompagnement viennent à elles pour que l’alerte puisse être donnée.
Aujourd'hui, quelles sont les solutions immédiates pour alerter et se protéger ?
Au delà du numéro habituel, le 3919, qui est un numéro d’écoute ouvert du lundi au samedi de 9h à 19h, le Gouvernement a souhaité multiplier les moyens d’alertes pour les victimes.
Si le 17 reste le numéro à privilégier en cas d’urgence, nous avons décidé avec le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’ouvrir aux victimes de violences conjugales le numéro 114 qui permet de donner l’alerte sans avoir à téléphoner aux forces de l’ordre lorsque l’on est dans une situation où l’on ne peut pas parler.
Nous avons également développé il y a quelques mois une plateforme arretonslesviolences.gouv.fr qui permet de dialoguer 24h/24 et 7j/7 avec des policiers et des gendarmes formés aux violences sexistes et sexuelles.
Ces dispositifs sont primordiaux et nous voulons faire encore plus en cette période. C’est pour cela que nous permettons, grâce à un partenariat avec l’Ordre des pharmaciens, d'avertir et de pouvoir appeler les forces de l’ordre en se rendant tout simplement dans une pharmacie de quartier.
Nous avons également ouverts des points d’écoute et d’orientation pour accompagner les victimes grâce au travail des associations et en partenariat avec Unibail-Rodamco-Westfield dans plusieurs centres commerciaux encore ouverts. Ces partenariats ont vocation à s’étendre chaque jour ; récemment, Ceetrus, le gestionnaire des magasins Auchan a proposé de nouveaux points d’écoute et d’accompagnement.
Nous ouvrons chaque jour de nouveaux points d’écoute et d’accompagnement des femmes face aux #ViolencesConjugales grâce aux associations, aux partenaires & aux services de l’Etat @Egal_FH
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) April 7, 2020
Ici, à Montivilliers.
Tous ensemble pour #nerienlaisserpasser !#confinement https://t.co/thnUM4XOcE
Le réseau associatif a l'air d'être un maillon essentiel pour aider les victimes, pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, le travail avec les associations est fondamental. C’est pour cela que j’ai décidé de débloquer 1 million d’euros supplémentaire pour les accompagner sur le terrain.
Ainsi, c’est grâce au travail de l’Etat partout en France et à la mobilisation des associations que nous pouvons construire toutes ces actions : faire en sorte que ces points d’écoute et d’orientation existent, que les femmes victimes reçoivent le meilleur des accompagnements possible ou encore qu’elles aient une réponse rapide par téléphone au 3919 grâce à la Fédération Nationale Solidarité Femmes.
Je tiens à remercier et saluer les bénévoles et professionnels engagés dans ces associations de défense des droits des femmes ainsi que l’ensemble des services de l’Etat mobilisés qui nous permettent de protéger, chaque jour, des femmes victimes de violences conjugales.
Comment travaillez-vous avec nos pays voisins où la population est confinée également ?
Dans ce contexte, la coopération internationale est essentielle. C’est pourquoi, dès les premiers jours de confinement, j’ai contacté mon homologue italienne, Elena Bonetti. Nous avons saisi ensemble la Commission européenne pour aider et accompagner, y compris financièrement, les structures qui protègent les femmes victimes de violences conjugales pendant toute la durée du confinement.
Les phénomènes observés en France s’observent aussi dans les autres pays européens ; cet échange permanent avec les membres de l’Union européenne est donc primordial.
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