Cédric O : “Utiliser la technologie comme outil pour sortir du confinement”
15 avril 2020 - Pour éviter de subir une seconde vague épidémique, la France travaille, avec ses partenaires européens, au développement d’une application de prévention et de protection face au Covid-19. Cédric O, secrétaire d'Etat chargé du Numérique, nous explique.
Le Gouvernement a lancé le projet “Stop Covid”. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste-t-il et quel est son objectif ?
Stop Covid est un projet d’application de protection et de prévention individuelle face à l'épidémie de Covid-19. Encore en plein développement, l’objectif de cet outil est de vous prévenir si vous avez été en contact, dans les jours précédents, avec une personne qui a été ensuite testée positive au coronavirus, pour que vous puissiez vous-même prendre des dispositions.
D'où vient cette idée d'utiliser la technologie comme outil pour permettre de sortir du confinement ? Pourquoi ce choix d'une application smartphone ?
Des travaux des épidémiologistes, notamment au sein de l’Université d'Oxford, ont montré que, dans le cadre d’une stratégie de déconfinement, il pouvait être utile d’utiliser un certain nombre d’outils technologiques afin d’identifier extrêmement tôt les personnes contaminées et les cas contacts. Cela viendrait compléter et appuyer le travail « à la main » fait par les équipes sanitaires, tel que ce qui était en place aux stades 1 et 2 de l’épidémie. Ces travaux ont donné naissance à un projet européen, porté par la France, l’Allemagne et la Suisse pour développer une application afin qu’elle soit utile dans une stratégie globale et qu’elle aide à contenir un retour de l’épidémie. L’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) pilote la task force française de développement de l’application ; l’Institut est en contact quotidien avec les équipes allemandes et suisses.
« Cette application sera open source. Son code sera rendu public et ainsi, chacun(e) sera libre de vérifier que l’application respecte bien nos libertés et nos valeurs. »
L'opinion publique a l'air plutôt favorable à ce type de procédé. Comment faire en sorte que les libertés soient pleinement respectées ?
Nous avons fait le choix d’être totalement cohérents avec les valeurs françaises et européennes. L’application sera pleinement respectueuse de nos libertés grâce à trois piliers : tout d’abord, l’installation sera volontaire ; ensuite, l’ensemble des données seront anonymes, c’est-à-dire que personne, pas même l’Etat, ne pourra retracer qui a été contaminé et qui a rencontré qui. Enfin, l’application sera temporaire, elle n’a vocation à durer que le temps de la crise. J’ajoute également que cette application sera “open source”. Son code sera rendu public et ainsi, chacun(e) sera libre de vérifier que l’application respecte bien nos libertés et nos valeurs.
A quelle échéance cette application pourrait être utilisée ?
Le développement de ce type d’application nécessite plusieurs semaines de travail avec nos partenaires européens. Nous travaillons pour être prêts dans les semaines qui viennent mais aucune décision n’a été prise quant au déploiement d’une telle application. J’ajoute que le Parlement sera amené à formellement débattre de cette technologie les 28 et 29 avril prochains.