Rencontre avec Thierry, à l'initiative d'une chaîne de solidarité à Marseille, 7eme arrondissement.
7 avril 2020 - On dit souvent que l’occasion fait le larron. Du côté de Marseille, Thierry, animateur local, apporte de l’aide aux personnes fragiles de son arrondissement et démontre que le confinement fait aussi la solidarité. Il nous raconte comment tout a commencé.
Thierry, vous êtes porteur d'un projet solidaire à Marseille. Comment cette idée est elle née ?
“Un commerçant à côté de chez moi a partagé avec moi son inquiétude pour certains de ses clients habituels qu’il ne voyait plus depuis quelques temps. Il s’agissait de personnes âgées qui avaient sans doute peur de sortir de chez elles au-milieu de l’épidémie. Je lui ai proposé de leur donner mon numéro de téléphone, pour qu’elles puissent m’appeler en cas de besoin.
Dans le même temps, j’ai pris contact avec une voisine âgée et lui ai proposé mon aide. Ma proposition a été accueillie avec soulagement car elle avait justement besoin de médicaments. Elle a prévenu la pharmacie de mon passage et leur a envoyé le règlement par chèque tandis que je lui déposais sa prescription.
Bien sûr, je suis très vigilant : je veille à respecter les gestes barrières et à limiter au maximum les contacts. Mais savoir qu’on peut appeler et compter sur quelqu’un est rassurant pour les personnes fragiles.”
Comment avez-vous fait connaître votre initiative ?
“Après cette première expérience réussie avec ma voisine, j’ai déposé des affichettes chez les commerçants de mon quartier : l’épicier, le boulanger, l’imprimeur, le pharmacien … C’était le jeudi, deux jours après le début du confinement. Dès le weekend, les appels se sont multipliés ! J’ai demandé à des copains qui habitent l’arrondissement de m’aider à répondre aux demandes.
Nous sommes désormais quatre à accompagner une vingtaine de personnes résidant dans le 7ème arrondissement.
Je fais encore l’intermédiaire entre les uns et les autres, mais c’est un gros travail de logistique et je crois que, petit à petit, chacun va dialoguer directement avec celles et ceux qui nous appellent. Par exemple, il y a des personnes qui nous demandent chaque semaine de faire leurs courses : on s’efforce de répondre en une seule fois à ce type de requêtes pour limiter les déplacements jusqu’au supermarché.”
Vous rendez des services pratiques aux gens, mais vous leur offrez aussi du lien social …
“On essaie d’appeler les gens, d’établir un lien avec eux. Ce n’est pas toujours évident, mais leur faire leurs courses est souvent un premier pas ! Aujourd’hui, sur les conseils du CCAS [Centre communal d’action sociale], nous avons indiqué notre initiative citoyenne à la mairie de l’arrondissement, car nous sommes prêts à accompagner un nombre plus important de personnes. Parfois, cela peut prendre la forme d’un simple coup de téléphone, comme ce qui est prévu en cas de canicule. Car il ne faut pas oublier qu’à côté des personnes fragiles, il y aussi les personnes isolées, de tous âges !"