Rencontre avec Djamila qui s'engage contre les violences conjugales pendant cette crise
14 avril 2020 - Djamila, membre de l’équipe départementale LaREM du Rhône, est la fondatrice de l’association Entr’Elles & Eux, qui vient en aide aux victimes de violences conjugales. Pendant le confinement, les missions de l’association se sont enrichies. Explications :
De quelle façon l’activité d’Entr’Elles & Eux a-t-elle changé pendant le confinement ?
L’association intervient au quotidien pour accompagner et orienter les victimes de violences conjugales et proposer des formations à la prise en charge des violences domestiques. Avec la mise en place du confinement, les risques sont accrus pour celles qui se retrouvent enfermées avec leur agresseur. L’association a donc adapté son fonctionnement pour répondre au mieux aux besoins.
Nous avons mis en place sur le site de l’association un forum, où nous offrons des conseils et un espace de discussion de confiance pour toutes celles qui en expriment le besoin.
Nous avons également développé, en trois jours, une plateforme à double-entrée, qui permet de signaler d’un côté si on a besoin de quelque chose en particulier et de l’autre si on a quelque chose à donner. Le confinement est propice au rangement et au tri : l’idée est de permettre à celles et ceux qui souhaitent donner des vêtements, des jouets, des livres, etc. de pouvoir les proposer à des femmes et à des mamans qui en ont vraiment besoin. C’est un peu comme du troc !
Comment se déroule ce “troc” ?
Je m’occupe de faire le relai dans le Rhône entre celles et ceux qui donnent et celles qui reçoivent, dans le respect des gestes barrières. Mais, pour pouvoir agrandir le territoire sur lequel nous intervenons, nous avons besoin de relais dans tous les départements. Je suis heureuse que les responsables du programme “Toutes Politiques” de La République En Marche soient nombreux à se mobiliser à nos côtés.
Depuis quatre jours que la plateforme a été lancée, nous sommes déjà plus d’une quinzaine de relais ! Ce maillage territorial est essentiel pour pouvoir répondre à toutes les demandes que nous recevons.
Par exemple, quand je reçois une demande d’aide en Haute-Garonne, je peux l’orienter vers le réseau étatique de soutien aux victimes de violences conjugales, mais je ne peux pas, personnellement, l’accompagner. D’où l’importance des relais, à la fois pour aider les victimes mais aussi pour sensibiliser et apprendre les bons réflexes à ceux qui sont témoins de violences conjugales. Par exemple, à Lyon, le réseau des marcheuses s’est mobilisé pour imprimer et déposer dans les pharmacies, nouveau point de signalement des violences domestiques, des affichettes précisant les différents numéros d’urgence à connaître : le 3919, le 17, le 114. On doit pouvoir s’affranchir de la violence, même pendant le confinement.
La plateforme d’entraide @EuxEntr commence à voir affluer des demandes et des propositions d’aide. Si vous aussi vous voulez #fairevotrepart n’hésitez pas à nous contacter https://t.co/KVuBU43XTp pic.twitter.com/jei8gjMxob
— Djamila Schafter #Toutespolitiques (@DjamilaSchafter) April 9, 2020
La plateforme d’entraide continuera-t-elle de fonctionner post-confinement ?
Oui, l’objectif est clairement de faire perdurer cette bourse d’entraide et même de lui donner de l’ampleur, en travaillant étroitement avec le réseau associatif durablement établi, comme le Secours Populaire à Lyon. Les violences faites aux femmes ne se limitent pas aux temps de crise. Tout le travail qui a été mené dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales est dans cette optique très important : Entr’Elles & Eux a d’ailleurs présenté 70 propositions à Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Mais tout cela doit continuer !